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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome V.djvu/228

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les principaux chefs d’accusation, dans les paroles suivantes : « Ils se mirent donc à l’accuser en disant : Nous l’avons surpris soulevant le peuple, défendant de payer le tribut à César et disant qu’il est le Christ-Roi. » Saint Jean, dans les paroles que nous avons citées, semble nous faire croire que les Juifs ont refusé d’articuler crime et qu’à cette question : « Quelle accusation apportez-vous contre cet homme », ils se sont contentés de répondre : « Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré. » C’était lui dire clairement qu’il devait s’en remettre absolument à leur autorité, ne plus s’occuper de chercher ce dont ils l’accusaient et se contenter pour le croire coupable de savoir qu’il avait mérité de lui être livré par eux. Concluons de là que le récit de saint Jean est vrai, aussi bien que celui de saint Luc. Il y eut en effet un long échange de questions et de réponses, parmi lesquelles chaque évangéliste fit son choix et se contenta de ce qui lui parut suffisant. Saint Jean lui-même cite plus loin certains chefs d’accusation, comme nous le verrons en son lieu et place. Il continue : « Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes et jugez-le selon votre loi. Les Juifs lui répondirent : Nous n’avons pas le droit de condamner à mort, afin que s’accomplit la parole par laquelle Jésus avait annoncé, de quelle mort il devait être frappé. Pilate rentra donc de nouveau dans le prétoire, appela Jésus et lui dit : Es-tu le Roi des Juifs ? Jésus lui répondit : Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? » Ceci ne paraît pas conforme à cette réponse citée par les autres écrivains : « Jésus répondit : Tu le dis. » Mais attendons la suite. Car saint Jean montre plutôt que ce qu’il rapporte maintenant, a été omis par les autres auteurs, et prononcé réellement par le Sauveur. Écoutons ce qui suit : « Pilate répondit : Est-ce que je suis Juif ? Ton peuple et les prêtres t’ont livré entre mes mains, qu’as-tu fait ? Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes ministres combattraient pour m’empêcher de tomber entre les mains des Juifs ; mais mon royaume n’est par d’ici. Tu es donc roi ? reprit Pilate. Jésus lui répondit : Tu le dis, Je suis roi. » Ces dernières paroles nous amènent au récit déjà fait par les autres évangélistes, qui nous les ont rapportées. Saint Jean continue et met pur les lèvres du Sauveur ces mots que les autres ont passés sous silence : « Voici pourquoi je suis venu dans le monde, c’est pour rendre témoignage à la vérité ; quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. Pilate lui répondit : Qu’est-ce que la vérité ? Et après avoir dit ces mots, il sortit de nouveau vers les Juifs et leur dit : Je ne trouve rien en cet homme qui puisse le faire mettre en cause. Or, c’est pour vous une coutume que je vous délivre un prisonnier à la fête de Pâque : voulez-vous que je vous remette le Roi des Juifs ? Tous crièrent de nouveau : Non pas lui, mais Barabbas ; or Barabbas était un scélérat. Pilate se saisit donc de Jésus, et le fit flageller. Et les soldats, tressant une couronne d’épines, la lui mirent sur la tète, le couvrirent d’un vêtement de pourpre, et s’approchant, ils lui disaient : Salut, Roi des Juifs, et ils le souffletaient. Pilate sortit de nouveau et dit aux Juifs : Voici que je vous le présente de nouveau afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime. Jésus parut donc, portant la couronne d’épines et le vêtement de pourpre, et Pilate dit aux Juifs : Voilà l’homme. À cette vue les pontifes et les ministres criaient : Crucifie, crucifie-le. Pilate leur répondit : Prenez-le vous-mêmes et le crucifiez ; car pour moi je ne le trouve coupable d’aucun crime. Les Juifs répliquèrent : Nous avons une loi ; et selon cette loi il doit mourir, parce qu’il s’est fait le Fils de Dieu. » Ceci se rapporte à cette accusation énumérée par saint Luc : « Nous l’avons surpris soulevant notre nation ; » il aurait pu ajouter : « parce qu’il s’est fait le Fils de Dieu. » Saint Jean continue : « En entendant ces paroles Pilate eut peur ; il rentra aussitôt dans le prétoire et dit à Jésus : D’où es tu ? Jésus ne lui fit aucune réponse. Pilate lui dit : Tu ne me parle pas ? Ignores-tu que j’ai le pouvoir de te crucifier comme aussi le pouvoir de te renvoyer ? Jésus lui répondit : Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut. Voilà pourquoi celui qui m’a livré à toi, a commis un plus grand péché. Depuis ce moment Pilate cherchait à le renvoyer. Mais les Juifs criaient : Si tu le renvoies, tu n’es pas l’ami de César ; car quiconque se donne pour roi, se met en opposition avec César. » On peut rapprocher de ces paroles, les paroles suivantes de saint Luc : « Nous l’avons surpris soulevant notre nation, empêchant de payer le tribut à César et disant qu’il est le Christ-Roi. » C’est ainsi que se trouve