par sa grâce, de me révéler son Fils afin « de l’annoncer parmi les Gentils ; aussitôt, sans acquiescer à la chair et au sang. » Être séparé du sein de sa mère, c’est renoncer aux coutumes aveugles de ses parents selon la chair ; et acquiescer à la chair et au sang, c’est suivre les impulsions charnelles de sa famille et de ses proches. « Et sans aller à Jérusalem près de ceux qui étaient apôtres a avant moi, je m’en allai en Arabie et je revins encore à Damas. Puis, après trois ans, je montai à Jérusalem pour voir, Pierre et je demeurai avec lui quinze jours. » Si Paul ne vit Pierre qu’après avoir prêché l’Évangile en Arabie, ce ne fut pas assurément pour apprendre de lui cet Évangile ; c’était pour mettre le comble à sa charité fraternelle en faisant de tout près connaissance avec lui. « Mais je ne visaucun autre Apôtre, si ce n’est Jacques, le frère du Seigneur[1]. » Le frère du Seigneur, en ce sens que Joseph avait pu l’avoir d’une autre épouse, ou bien qu’il était de la famille de Marie, mère de Jésus.
9. Serment. Juifs nombreux convertis.
— En vous parlant ainsi, je l’atteste devant Dieu, je ne ments pas. » Je l’atteste devant Dieu, je ne ments pas, c’est un serment. Et qu’y a-t-il de plus redoutable que ce serment ? Cependant le serment n’est pas interdit quand il a pour cause, non pas le mal de celui qui le prête, mais le mal de l’incrédulité qui l’exige. Car si le Seigneur a défendu de jurer, c’est en ce sens que nul ne doit jurer de soi-même ; comme beaucoup qui ont souvent le serment à la bouche, soit pour se distinguer, soit pour y prendre plaisir. L’Apôtre ne connaissait-il pas la défense du Seigneur ? Et pourtant il a juré ; car il ne faut pas écouter ceux qui prétendent que plusieurs de ses formules ne sont pas des serments. Comment expliqueront-ils autrement celle-ci : « Je meurs chaque jour, mes frères, par la gloire que je reçois de vous en Jésus-Christ Notre-Seigneur[2] ? » car les exemplaires grecs prouvent avec la plus complète évidence que c’est une formule de serment[3]. Autant donc qu’il le peut, l’Apôtre s’abstient de jurer ; ce n’est ni la passion ni le plaisir qui l’y portent ; car le serment étant plus que oui, oui, non, non, vient a du mal[4] ; » du mal, c’est-à-dire de la faiblesse ou de l’incrédulité de ceux qui sans lui ne voudraient pas croire.« Je vins ensuite dans les contrées de la Syrie et de la Cilicie ; mais j’étais inconnu de visage aux Églises de Judée qui sont unies au Christ. » Observez que ce n’est pas seulement à Jérusalem qu’il y a eu des Juifs pour croire au Christ et que ceux d’entre eux qui crurent en lui n’étaient pas assez peu nombreux pour être confondus au sein des Églises des Gentils, mais assez nombreux pour former des Églises. Seulement elles avaient ouï dire : « Celui qui autrefois nous persécutait annoncé maintenant la foi qu’il travaillait alors à détruire ; et elles glorifiaient Dieu à mon sujet[5]. » N’est-ce point ce qu’il avait en vue quand il disait qu’il plaisait aux hommes, non pour lui-même, mais pour les porter à glorifier Dieu ? Notre-Seigneur dit aussi dans le même sens : « Que vos œuvres brillent devant les hommes, afin qu’ils voient le bien que vous faites et qu’ils glorifient votre Père qui est aux cieux[6]. »
10. Second voyage à Jérusalem. – Quatorze ans après, je montai à Jérusalem avec Barnabé, « ayant pris aussi Tite avec moi. » S’il les nomme l’un et l’autre, c’est en quelque sorte pour citer plusieurs témoins. « Or, j’y montai d’après une révélation ; » il parlait ainsi pour qu’ils ne fussent pas portés à demander pour quel motif il voulut y aller alors, après avoir été si longtemps sans s’y rendre. Si donc une révélation lui dit d’y aller, c’est qu’il était bon qu’il y montât en ce moment. « Et j’exposai aux fidèles l’Évangile que je prêche parmi les Gentils, et en particulier à ceux qui paraissent quelque chose. » S’il exposa en particulier l’Évangile à ceux qui surpassaient les autres dans l’Église et après l’avoir exposé devant tout le monde, ce n’était point qu’il eût enseigné publiquement quelques erreurs et qu’il voulût rétablir la vérité à part, devant un petit nombre ; seulement il avait gardé le silence sur certains points que n’étaient pas capables d’entendre encore les petits, comme ceux, écrit-il aux Corinthiens, à qui il a donné du lait et non à manger[7] ; car il n’est jamais permis d’avancer rien de faux, tandis qu’il est quelquefois bon de taire une vérité. Il était donc utile que les Apôtres connussent combien il était parfait ; attendu que pour être Apôtre il ne lui suffisait pas d’être fidèle, de conserver la bonne et vraie foi. En ajoutant : « Ne courrais-je pas ou n’aurais-je pas couru en vain[8] ? » il s’adresse, non pas à ceux avec qui il a confronté séparément son Évangile, mais à ceux à qui il écrit. C’est une
- ↑ Gal. 1, 16-19
- ↑ 1 Cor. 15, 31
- ↑ V. serm. sur la Mont. I. 1, ch. 17, n. 51
- ↑ Mt. 5, 37
- ↑ Gal. 1, 20-24
- ↑ Mt. 5, 16
- ↑ 1 Cor. 2, 2
- ↑ Gal. 2,1-2