s’agissait ici d’un semeur véritable qui eût répandu sa semence dans les différents endroits dont il vient d’être parlé, ce ne serait pas à la vérité une fiction, mais ce ne serait pas non plus un mensonge. Il y a ici fiction, mais il n’y a pas non plus de mensonge. Pourquoi ? Parce que c’est une fiction qui désigne quelque chose et qui ne trompe pas. Elle demande à être comprise, mais n’induit pas en erreur.
C’est ce qu’avait en vue le Christ lorsqu’il chercha des fruits sur le figuier ; c’était une fiction, mais une fiction figurative et non pas trompeuse, et conséquemment une fiction honnête et irrépréhensible ; une fiction qui ne jette point dans l’erreur si on l’examine, mais qui découvre la vérité lorsqu’on en approfondit le sens.
7. Je sais ce qu’on demandera encore : Explique-nous, dira quelqu’un, ce que voulait faire entendre le Sauveur, lorsqu’il feignit d’aller plus loin ; car s’il n’avait pas prétendu faire connaître quelque chose, c’eût été tromper et mentir. – Les principes et les règles qui nous guident avec tant d’exactitude serviront à vous faire comprendre ce que signifiait cette feinte, de vouloir aller plus loin.
Le Sauveur feint donc de vouloir aller plus loin et on le retient, on l’en empêche. N’est-il pas vrai qu’on le croyait absent de corps ? Or cette absence présumée était comme l’éloignement du Seigneur Jésus. Pour toi, retiens-le fidèlement, retiens-le au moment de la fraction du pain. Que dirai-je encore ? La connaissez-vous ? Si vous la connaissez, vous savez que le Christ est là. Mais il ne faut pas en dire davantage du sacrement redoutable. Ceux qui diffèrent de s’en instruire, laissent le Seigneur bien éloigné d’eux. Ah ! qu’ils l’apprennent au plus tôt et ne perdent pas le trésor ; qu’ils offrent l’hospitalité, et on les invite au ciel.
SERMON XC.
LA ROBE NUPTIALE OU LA CHARITÉ[2].
1. Tous les fidèles connaissent les noces et le festin du fils du Roi ; on sait aussi que cette table divine est dressée pour quiconque est de bonne volonté. Mais si rien n’empêche d’en approcher, il faut faire grande attention aux dispositions qu’on y apporte. Les saintes Écritures nous enseignent effectivement que le Seigneur a deux banquets l’un où se rendent les méchants avec les bons, et l’autre d’où sont exclus les méchants. Voilà pourquoi il y a des méchants comme des bons au festin sacré dont il vient d’être question dans l’Évangile. Tous ceux qui se sont excusés d’y venir, sont méchants ; mais il ne faut pas considérer comme bons tous ceux qui s’y sont rendus. C’est à vous donc que j’adresse la parole, vous, bons convives, qui prenez au sérieux ce grave enseignement : « Celui qui mange et qui boit indignement, mange et boit sa propre condamnation[3] ; » à vous tous qui êtes bons j’adresse donc la parole et je vous dis : Ne cherchez pas les bons en dehors, et en dedans souffrez les méchants.
2. Votre charité voudrait savoir sans doute quels sont ceux à qui je m’adresse et à qui je recommande