Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VII.djvu/177

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succombé ? Implorons encore le secours divin, sans nous appuyer sur nos propres forces, et au moins dans cet accablement ne dédaignons point de nous humilier. Ainsi viendra à notre aide Celui qui disait à des hommes déjà croyants : « Si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples, et vous connaîtrez la vérité, et la Vérité vous rendra libres[1] ». La Vérité donc viendra à notre aide et nous délivrera du corps de cette mort. Aussi quand cette Vérité, dont nous célébrons la naissance, « s’est élevée de terre[2] » ; c’était pour être sur la terre la paix des hommes de bonne volonté. Qui pourrait en effet vouloir et faire le bien, sans être aidé pour le pouvoir, sans le secours intérieur de Celui qui en gnous appelant nous a donné de vouloir ? Aussi est-ce en tous sens que nous a prévenus sa miséricorde, et pour nous appeler quand nous ne le voulions pas, et pour nous faire obtenir de pouvoir ce que nous voulons ? Disons-lui donc : « J’ai juré et résolu de garder les arrêts de votre justice », je l’ai résolu, sans doute, et pour vous obéir ; je vous ai même promis l’obéissance. Mais comme « je vois dans mes membres une autre loi qui résiste à la loi de mon esprit et qui m’assujettit à cette loi du péché qui est dans mes membres ; je suis humilié de tous côtés. Seigneur, rendez-moi la vie, selon votre parole. Le vouloir est en moi ; agréez donc, Seigneur, les vœux que vous offre ma volonté[3] » ; afin de donner sur la terre la paix aux hommes de volonté bonne. Parlons à Dieu de cette sorte, disons-lui encore ce que nous suggérera notre piété, éclairée par de saintes lectures ; ainsi nous ne célébrerons pas inutilement le Seigneur naissant d’une Vierge, nous dont la sanctification commence par la bonne volonté et se consomme par la charité parfaite, charité que répand dans nos cœurs, non pas nous, mais l’Esprit-Saint qui nous a été donné[4].


SERMON CXCIV. POUR LE JOUR DE NOËL. XI. LE PAIN DE VIE.

ANALYSE. – En naissant de son Père, Jésus-Christ est l’aliment des Anges, et il se fait l’aliment des hommes en naissant de à Mère. Mais si les hommes s’attachent à vivre de lui sur la terre, ils jouiront de lui comme les Anges dans le ciel et seront pleinement heureux. Pourquoi hésiter ?

1. Écoutez, enfants de lumière, adoptés pour faire partie du royaume de Dieu ; mes très-chers frères, écoutez ; écoutez, justes, et tressaillez dans le Seigneur, ainsi vos cœurs droits seront dignes de chanter ses louanges[5]. Écoutez ce que vous savez, rappelez-vous ce qui vous a été dit, aimez ce que vous croyez et publiez ce que vous aimez. Puisque nous célébrons le retour anniversaire de ce grand jour, attendez-les quelques mots qu’il réclame. Le Christ est né ; comme Dieu, de son Père, de sa Mère, en tant qu’homme ; de son Père, sans nuire à son immutabilité, de sa Mère, sans altérer sa virginité ; de son Père, sans avoir de Mère, de sa Mère, sans avoir de Père ; de son Père en dehors du temps, de sa Mère en dehors de l’homme ; de son Père comme principe de vie, de sa Mère comme anéantissant la mort ; de son Père comme dirigeant tous les jours, de sa Mère comme consacrant celui-

  1. Jn. 8, 31-32.
  2. Psa. 84, 12.
  3. Psa. 118, 106-108.
  4. Rom. 5, 5.
  5. Psa. 30, 20.