Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VII.djvu/346

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gardé ces jours de fête que pour réfléchir au mal qu’ils pourront faire ensuite. Pour vous, vivez comme ayant à rendre compte à Dieu de votre vie entière et non pas seulement de ces quinze derniers jours[1]. Je me reconnais votre débiteur à propos des questions tirées de l’Écriture que j’ai abordées hier et que le défaut de temps m’a empêché de résoudre. Mais comme le droit civil et public permet de réclamer, même de l’argent, pendant les jours qui succèdent à ceux-ci ; contraignez-moi plutôt encore, au nom du droit chrétien, à vous payer ma dette. Les solennités suffisent pour amener ici maintenant tout le monde ; que l’attachement à la loi vous y ramène bientôt pour réclamer ce que je vous ai promis. Car c’est par moi que vous donne Celui qui nous donne à tous ; et je connais ces paroles de l’Apôtre : « Rendez à tous ce qui leur est dû : le tribut à qui vous devez le tribut ; l’impôt à qui l’impôt ; l’honneur, à qui l’honneur ; la crainte à qui la crainte ; ne devez rien à personne, sinon de vous aimer réciproquement[2] ». L’affection est la seule dette qu’on ait toujours à acquitter, et dont nul n’est exempt. Or, ce que je vous dois, mes frères, je vous le paierai avec la grâce du Seigneur ; mais, je vous l’avoue, ce sera seulement lorsque vous vous montrerez ardents pour l’exiger.





SERMON CCLX.

POUR LE DIMANCHE DE L’OCTAVE DE PÂQUES. XXXI.

AVERTISSEMENTS AUX NOUVEAUX BAPTISÉS.



ANALYSE. Saint Augustin leur rappelle : premièrement, qu’ayant reçu par le baptême la circoncision du cœur, ils ne doivent pas s’abandonner à tous leurs penchants ; en conséquence et secondement, qu’ils ne doivent pas imiter les mauvais chrétiens qu’ils vont rencontrer dans le monde, mais se montrer chastes, chacun dans sa condition, probes, sérieux et charitables envers le prochain.

Nous avons beaucoup à faire, et pour ne pas retarder ces enfants qui viennent d’être régénérés dans les eaux du baptême et qui vont se mêler au peuple, je leur donnerai en peu de mots des avertissements importants. Vous qui venez d’être baptisés et qui terminez aujourd’hui la fête de vos deux octaves, écoutez et comprenez rapidement que la circoncision de la chair, qui n’était qu’une figure, est devenue la circoncision du cœur. Si, d’après l’ancienne loi, cette circoncision de la chair avait lieu le huitième jour[3], c’était en vue de Jésus Notre-Seigneur, lequel est ressuscité après le septième jour du grand repos, le huitième jour, le dimanche. Si la circoncision devait se faire aussi avec des couteaux de pierre[4], c’est que le Christ était la pierre[5]. On vous appelle enfants, parce que vous venez d’être régénérés, parce que vous entrez dans une nouvelle vie, parce que vous venez de renaître pour la vie éternelle, si toutefois vous n’étouffez point, en vous conduisant mal, le germe de salut qui vient d’être déposé en vous. Vous allez rentrer dans la foule, vous réunir au peuple fidèle ; ah ! prenez garde d’imiter les mauvais fidèles, ou plutôt les faux fidèles, ceux qui semblent fidèles à cause de la foi qu’

  1. La semaine qui précédait et la semaine qui suivait Pâques, durant lesquelles une loi de l’empereur Théodose avait ordonné la fermeture des tribunaux.
  2. Rom. 13, 7-8
  3. Gen. 17, 12.
  4. Jos. 5, 2.
  5. 1Co. 10, 4.