Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VII.djvu/563

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qui savent quels miracles s’y opèrent, de nous le dire. Ces miracles n’ont commencé à se produire que depuis la découverte du corps de saint Étienne ; et si ce jeune homme n’y a point trouvé sa guérison, c’est que Dieu nous réservait d’en être témoins.

3. Cherchez aussi, et vous le saurez, combien il se fait de prodiges à Uzale, où est évêque mon frère Evode. Sans parler des autres, j’en rapporterai seulement un, pour vous faire comprendre combien y est sensible la présence de la majesté divine. Une femme tenant un jour sur son sein son fils malade et simple catéchumène, le perdit tout à coup sans avoir pu le secourir, malgré tout son empressement ; poussant alors un cri : Mon fils, dit-elle, est mort simple catéchumène.

4. Augustin en était à ces paroles, lorsque de la chapelle de saint Étienne, le peuple se mit à crier : Grâces à Dieu ! Louanges au Christ ! Pendant que ce cri continuait, la jeune fille qui venait d’être guérie, fut conduite devant l’abside. Le peuple, à cette vue, fit éclater sa joie mêlée de larmes, et sans qu’il y eût aucunes paroles distinctes, mais seulement un bruit confus, il fit quelque temps encore entendre ses clameurs. Le silence rétabli : Il est écrit dans un psaume, dit l’évêque Augustin : « Je me disais : Je confesserai contre moi mon péché devant le Seigneur, et vous m’avez pardonné l’iniquité de mon cœur[1] ». – « Je me disais : Je confesserai » ; je n’ai pas confessé encore ; « Je me disais : Je confesserai, et vous m’avez pardonné ». J’ai recommandé à vos prières cette infortunée, ou plutôt cette ex-infortunée ; nous nous préparions à prier, et nous sommes exaucés. Que notre joie soit une action de grâces. L’Église notre mère a été plus tôt exaucée pour son bonheur, que cette mère de malédiction pour son malheur. Unis au Seigneur notre Dieu, etc.


SERMON CCCXXIV. APRÈS LA GUÉRISON DE LA SŒUR DE PAUL.

ANALYSE. – Enfant mort, ressuscité par l’invocation de saint Étienne, pour recevoir le baptême.

1. Interrompu hier par une extraordinaire joie, je dois achever aujourd’hui mon discours. Je m’étais proposé, et déjà même je m’étais mis en devoir d’exposer à votre charité pour quel motif, selon moi, ces enfants ont été conduits dans cette ville, par l’autorité de Dieu même, afin d’y recouvrer la santé qu’ils recherchaient et attendaient depuis si longtemps. Pour accomplir mon dessein, j’avais commencé à vous parler des sanctuaires où ils n’ont point trouvé leur guérison, et d’où ils ont été dirigés au milieu de nous. J’avais nommé Ancône, ville d’Italie ; j’avais même dit quelques mots déjà d’Uzale, ville d’Afrique, dont l’évêque est Evode, mon frère, que vous connaissez, et où les avait attirés la renommée du saint martyr et de ses œuvres. Là ils n’obtinrent pas ce qu’ils pouvaient y obtenir, parce que c’est ici même qu’ils devaient le recevoir. Pour vous donner brièvement une idée des œuvres divines opérées par le saint martyr, j’avais entrepris de ne vous parler que d’une seule, sans même faire mention des autres ; comme j’en parlais, la santé se trouvant subitement rendue à cette jeune fille, des cris de joie se sont élevés et m’ont contraint de finir autrement le discours commencé. Voici donc, parmi de nombreux miracles, car on ne saurait les énumérer tous, comment s’est accompli celui-là, nous le savons.

  1. Psa. 31, 5.