Aller au contenu

Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VIII.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entendez ma voix », jusqu’à ces autres : « Mon roi et mon Dieu ». Mais l’Église comprend ce qui l’empêche de, voir Dieu, ou de connaître qu’elle est exaucée, depuis : « Je vous invoquerai, Seigneur, et au matin vous entendrez ma voix », jusqu’à : « Vous avez en horreur l’homme de sang et l’homme fourbe ». En troisième lieu, depuis ce verset : « Pour moi, avec la multitude de vos miséricordes », jusqu’à : « Je me prosternerai avec crainte auprès de votre saint temple », l’Église espère devenir un jour la maison de Dieu, et en cette vie s’approcher de lui dans la crainte, jusqu’à ce que la charité consommée ait banni toute crainte. Quatrièmement, elle sent qu’elle s’avance et qu’elle marche entre des obstacles ; elle demande ce secours de l’intérieur, imperceptible à l’œil humain, de peur que la langue des méchants ne la détourne du bon chemin, depuis :« Seigneur, conduisez-moi, dans votre justice », jusqu’à : « Leurs langues sont pleines d’artifices ». Elle prédit, en cinquième lieu, le châtiment des impies, quand le juste à peine sera sauvé ; et la récompense de ce juste qui aura répondu à l’appel de Dieu, et qui aura courageusement tout supporté, jusqu’à ce qu’il arrive au Seigneur. Cette partie commence à : « Jugez-les, Seigneur », pour finir avec le psaume.


DISCOURS SUR LE PSAUME 6

LE JUGEMENT DE DIEU.

L’âme fidèle supplie le Seigneur de lui accorder le salut, de la maintenir dans la justice, comme s’il devait être plus glorieux pour Dieu de faire éclater sa bonté que sa justice. Elle veut s’éloigner des pécheurs impénitents, s’ils ne se convertissent au Seigneur.

POUR LA FIN, PSAUME DE DAVID, POUR LES CHANTS DU HUITIÈME JOUR (Psa. 6,1)

1. Cette expression, « huitième jour », est obscure ; mais le reste du titre est clair. Quelques-uns ont cru qu’elle signifiait le jour du jugement, ou ce temps de l’avènement de Jésus-Christ qui descendra pour juger les vivants et les morts. Cet avènement, selon cette croyance, aura lieu après sept milliers d’années, à compter depuis Adam ; ces sept milliers d’années s’écouleraient comme sept jours, et le huitième serait celui de l’avènement. Mais le Seigneur a dit : « Ce n’est point à vous de connaître les temps que mon Père a disposés dans sa puissance[1] » ; et encore : « Quant à ce jour et à cette heure, nul ne les sait, ni les Anges, ni les Vertus, ni le Fils lui-même ; le Père seul les connaît[2] » : et enfin saint Paul a écrit, que ce jour du Seigneur nous surprendra comme le voleur[3] tout cela nous montre clairement qu’on ne doit point chercher à connaître ce jour par la supputation des années. Or, s’il devait arriver après sept milliers d’années, tout homme pourrait le connaître au moyen d’un calcul. Comment donc se fait-il que le Fils ne le connaît point ? Parole qui signifie qu’il ne l’apprendra point aux hommes, et non qu’il ne le sait point en lui-même. C’est ainsi qu’il est dit : « Le Seigneur vous tente afin de savoir[4] », c’est-à-dire, « afin de vous faire connaître », comme : « Levez-vous, Seigneur[5] », signifie, aidez-nous à nous relever. Si donc le Fils ne connaît point le jour, non qu’il l’ignore, mais parce qu’il ne l’enseigne point à ceux qui n’ont aucun avantage à le connaître ; n’y a-t-il pas une certaine présomption à compter les dates pour affirmer que le jour du Seigneur doit arriver après sept milliers d’années ?

2. Pour nous, ignorons de bon cœur ce

  1. Act. 1,7
  2. Mat. 24,36
  3. 1Th. 5,2
  4. Deu. 3,3
  5. Psa. 3,7