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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VIII.djvu/222

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le demander ? puisqu’on pourrait me répondre O insensé, à quoi bon les questions ? Tu as un livre, et dans ce livre le prix de la rançon, et l’objet racheté. Vous pouvez y lire : « Tous les confins de la terre se souviendront du Seigneur, et se tourneront vers lui ». Oui, les confins de la terre s’en souviendront. Mais les hérétiques l’ont oublié, aussi le leur lit-on chaque année. Croyez-vous qu’ils prêtent l’oreille, quand le lecteur répète : « Tous les confins de la terre se souviendront du Seigneur, et se tourneront vers lui ? » Mais ce n’est peut-être qu’un verset, et vous aviez l’esprit distrait, ou vous parliez au voisin, quand on a lu ce passage ; voyez pourtant comme il le répète, et force les sourds d’entendre : « Toutes les nations de la terre se prosterneront pour l’adorer ». Il est encore sourd, et n’entend pas plus, frappons de nouveau. « Au Seigneur appartient l’empire, et il dominera les nations ». Retenez bien, mes frères, ces trois versets. Aujourd’hui on les chante aussi chez eux, à moins qu’ils ne les aient effacés. Pour moi, mes frères, je suis tellement frappé, tellement hors de moi-même, qu’une telle surdité, une telle dureté de cœur me jette dans la stupeur, et je me prends à douter quelquefois s’ils ont ces passages dans leurs livres. Aujourd’hui tous les fidèles accourent à l’Église, aujourd’hui tous prêtent l’oreille attentivement à la lecture de ce psaume, tous demeurent en suspens à cette lecture. Mais fussent-ils inattentifs, n’y a-t-il que ce seul verset : « Tous les confins de la terre se souviendront du Seigneur, et se tourneront vers lui ? » Vous vous éveillez, vous frottez encore vos yeux : « Et les peuples de la terre se prosterneront en sa présence ». Vous vous réveillez, vous êtes encore assoupis, écoutez : « Au Seigneur appartient l’empire, et il dominera toutes les nations ».
30. Que pourraient-ils répliquer ? je ne sais ; qu’ils s’en prennent aux saintes Écritures, et non plus à nous. Voilà le livre, qu’ils le combattent. À quoi sert de dire : C’est nous qui avons sauvé les Écritures, qu’on aurait brûlées ? Elles sont sauvées pour te brûler, ô hérétique. À quoi bon les sauver ? Ouvre-les donc pour les lire. Tu les a sauvées, et tu les combats. Pourquoi sauver de la flamme ce que tu effaces de la langue ? Je n’en crois rien, je ne puis croire que tu les aies sauvées ; non, tu ne les as pas sauvées, je n’en crois rien. Les nôtres, au contraire, ont raison de dire que tu les as livrées, il prouve sa trahison, celui qui refuse d’exécuter un testament qu’on lui alu. On le lit devant moi, et je m’y rends ; devant toi, et tu contestes. Quelle main l’a jeté au feu ? Est-ce la main de celui qui l’accepte et le suit, ou la main de celui qui est chagrin qu’il existe encore, et qu’on le puisse lire ? Mais je ne veux plus connaître le sauveur de ce livre ; peu importe de quelle manière et dans quelle caverne on l’ait trouvé, c’est le testament de notre père ; je ne connais ni les voleurs qui voulaient le soustraire, ni les persécuteurs qui le voulaient brûler : de quelque part qu’il nous vienne, il doit être lu. Pourquoi disputer ? Nous sommes frères, à quoi bon plaider ? Notre père n’est point mont sans testament. Il en a fait un, et il est mort ; après sa mort, il est ressuscité. On dispute sur l’héritage d’un défunt, tant que le testament n’est pas devenu public : dès que le testament se produit en public, tous gardent le silence, afin qu’on l’ouvre et qu’on le lise. Le juge l’écoute avec attention, les avocats se taisent, les huissiers font faire silence, tout le peuple demeure en Suspens, pour laisser lire les paroles d’un défunt, qui est sans mouvement dans le sépulcre. Cet homme est donc sans vie sous la pierre, mais ses paroles ont une valeur : et c’est quand Jésus-Christ est assis dans le ciel, que l’on conteste son testament ? Ouvrez donc, et lisons. Nous sommes frères, pourquoi ces disputes ? Soyons plus paisibles, notre père ne nous a pas laissés sans testament. Et celui qui a fait ce testament, vit dans l’éternité, il entend nos voix, il connaît celle qui est à lui. Lisons donc, à quoi bon disputer ? Prenons possession de l’héritage, quand nous l’aurons trouvé. Ouvrez le testament, et lisez donc un des premiers psaumes : « Demande-moi e. Mais qui parle ainsi ? Peut-être n’est-ce pas Jésus-Christ. Vous avez encore au même endroit : « Le Seigneur m’a dit : Vous êtes mon Fils, c’est aujourd’hui que je vous ai engendré[1] ». Donc est-ce le Fils de Dieu qui parle, ou le Père qui parle à son Fils ? Et que dit-il à ce Fils ? « Demande-moi, et je te donnerai les nations en héritage, et ton empire embrassera tous les confins de la terre ( Id. 8.) ». Souvent, mes frères, quand on conteste au sujet d’un champ, on s’enquiert des possesseurs qui avoisinent,

  1. Ps. 2,7