Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VIII.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

maintenant il s’agit de faire la dédicace de ce palais, que nous devons habiter dans une paix éternelle.
2. C’est le Christ qui parle ici dans son intégrité : « Je vous exalterai, Seigneur, parce que vous m’avez relevé »[1]. Je chanterai votre grandeur, parce que vous m’avez protégé. « Et que vous n’avez point réjoui mes ennemis de ma ruine ». Vous n’avez point permis que ceux qui, tant de fois dans l’univers entier, ont cherché à m’écraser sous le poids des persécutions, se réjouissent à mon sujet.
3. « Seigneur, mon Dieu, j’ai crié vers vous et vous m’avez guéri »[2]. Je vous ai invoqué, Seigneur mon Dieu, et je ne suis plus chargé d’un corps sujet à la mort ou à la maladie.
4. « Seigneur, vous avez retiré mon âme du tombeau, vous m’avez séparé de ceux qui descendent dans l’abîme »[3]. Vous m’avez sauvé d’un profond aveuglement et des bas-fonds d’une chair corruptible.
5. « Saints du Seigneur, célébrez ses louanges ». Le Prophète voit dans l’avenir ce qu’il annonce, et il s’écrie dans ses transports : « Saints du Seigneur, célébrez ses louanges, et rendez témoignage à la mémoire le sa sainteté »[4]. Et confessez qu’il n’a point oublié cette sainteté dont il vous a gratifiés : quoique le temps qui sépare la sanctification de la récompense paraisse long à vos désirs.
6. « Son indignation amène la vengeance ». Il a vengé sur vous le premier péché que vous expiez par la mort. « Mais sa volonté donne la vie »[5]. Cette vie éternelle, à laquelle vous ne pouviez revenir de vos propres forces, il vous la donne, par un acte de sa bonne volonté. « Le soir s’écoulera dans les pleurs ». Ce soir a commencé quand la lumière de la sagesse s’est éteinte en l’homme pécheur, et qu’il a été condamné à la mort : à dater de ce soir fatal, des pleurs doivent couler, tant que le peuple de Dieu attendra, dans les travaux et les épreuves, le jour du Seigneur. « Au matin, nous serons dans la joie ». Il attendra jusqu’au matin, où il tressaillera dans la joie de la résurrection future, que nous annonce comme une fleur matinale la résurrection du Christ.
7. « En mes jours d’abondance, j’ai dit : Je ne serai jamais ébranlé »[6]. Pour moi, peuple, moi qui parlais dès l’abord, dans mes jours d’abondance, et quand je ne ressentais pas la disette, j’ai dit : « Je ne serai point ébranlé ».
8. « Seigneur, dans votre bonté, vous m’avez affermi dans ma félicité »[7]. Mais, Seigneur, j’ai compris que cette richesse me venait de votre bonté et non de moi, quand « vous avez détourné de moi votre face, et que je suis tombé dans le trouble », car mes fautes vous ont fait détourner votre visage, et je suis tombé dans le trouble, quand votre lumière s’est éteinte pour mes yeux.
9. « Je crierai vers vous, Seigneur, je vous supplierai, ô mon Dieu »[8]. Quand je me souviens de mes jours de trouble et de misère et que je m’y crois encore engagé, j’entends alors la voix de votre premier-né, de celui qui est mon chef et qui doit mourir pour moi, et qui s’écrie : « J’en appelle à vous, Seigneur ; c’est vous que je supplierai, ô mon Dieu ! »
10. « Qu’est-il besoin de verser mon sang, si je dois m’en aller en pourriture ?[9] Est-ce que cette poussière pourra vous glorifier ? » Si je ne ressuscite pas aussitôt, si mon corps est en proie à la pourriture, « est-ce que vous tirerez votre gloire de cette poussière », ou de cette troupe d’impies que ma résurrection doit justifier ? « Ou bien, pourra-t-elle annoncer votre vérité »[10]. C’est-à-dire, pourront-ils annoncer aux autres la vérité du salut ?
11. « Le Seigneur m’a écouté et m’a pris en pitié, il a été mon protecteur »[11]. Il n’a point permis que son saint devînt la proie de la corruption »[12].
12. « Vous avez changé mon deuil en joie »[13]. Moi, votre église, qui ai reçu ce premier-né d’entre les morts, je chante à la dédicace de votre palais : « Vous avez changé mon deuil en joie ; vous avez déchiré mon cilice pour me revêtir de joie »[14]. Vous avez écarté le voile de mes péchés et la tristesse de ma mortalité, pour me revêtir de ma robe première et d’une joie impérissable.
13. « Afin que ma gloire vous chante, et que nul aiguillon ne me meurtrisse »[15]. Afin qu’il n’y ait plus aucun deuil pour moi ; mais que ma gloire chante vos louanges, et non plus mon humilité, puisque vous m’avez

  1. Ps. 29,2
  2. Id. 3
  3. Id. 4
  4. Id. 5
  5. Id. 6
  6. Ps. 29,7
  7. Id. 8
  8. Id. 9
  9. Id. 10
  10. Id.
  11. Id. 11
  12. Id. 15,10
  13. Id. 29,12
  14. Id.
  15. Id. 13