Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VIII.djvu/566

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lui ce père dissolu. Quoi donc en effet ? S’il ne pèche point, n’est-il pas cause des péchés de son fils, n’est-ce pas à lui d’en arrêter les désordres ? Veut-il faire croire à ce fils qu’il commettrait les mêmes fautes, s’il n’était trop vieux ? Une faute que tu ne détestes pas dans ton fils est une faute qui te plaît ; c’est l’âge qui te fait défaut et non la concupiscence. Surtout, mes frères, veillez sur ceux de vos enfants pour qui votre foi vous a fait demander le baptême. Mais peut-être un fils indigne méprisera les avertissements, les réprimandes, les châtiments de son père ; eh bien ! accomplissez votre devoir, Dieu lui demandera compte du sien.
Ces cinquante premiers Psaumes ont été traduits par M. l’abbé MORISOT


DISCOURS SUR LE PSAUME 51

SERMON AU PEUPLE.

FAUSSE VANITÉ DES MÉCHANTS.

Saül, image de la mort, persécutait David ; David, image de la vie, était persécuté par Saül ; retiré chez le prêtre Achimélech, il est trahi par Doëch. Sous le nom de ce traître on désigne les hommes terrestres, et sous relui de David les hommes célestes ; c’est la totalité du genre humain. Les hommes terrestres ou les méchants se glorifient de ce qu’ils font le mal. Pourquoi s’en glorifier ? il leur est si facile de mal faire ! D’ailleurs, à quoi aboutissent leurs efforts ? À se rendre malheureux, à nous enlever des biens superflus, à s’aveugler, à se perdre pour toujours, à faire l’éternelle risée des justes. Pour les justes, ils tremblent en voyant le sort réservé aux impies, et au lieu de mettre comme ceux-ci leurs espérances en des biens caducs qui causeraient leur perte et les feraient condamner au tribunal de l’Éternel, ils se laissent porter au bien par la confiance en Dieu et le bonheur de le servir.


1. Le psaume dont nous allons entretenir votre charité est peu étendu, mais son titre exige quelques explications ; écoutez-nous donc patiemment, nous vous l’expliquerons de notre mieux, et dans la mesure des grâces que Dieu nous accordera à cet effet. Nous ne pouvons passer outre sans donner un développement suffisant à notre interprétation, puisque, selon le bon plaisir de nos frères, nos paroles doivent être recueillies non seulement par vos oreilles et vos cœurs, mais aussi par le stylet ; nous devons donc avoir en vue nos auditeurs présents et nos futurs lecteurs. Nous vous avons fait lire aussi un passage du livre des Rois, oit il est question de l’événement qui a donné lieu à ce psaume. Saül avait été choisi de Dieu, il était devenu roi, mais à titre transitoire et à cause de la dureté de cœur et des mauvaises dispositions du peuple juif : non pour le bien-être de ce peuple, mais pour sa punition, selon cette sentence de nos livres saints qui parlent ainsi de Dieu : « Il fait régner l’homme hypocrite, parce que le peuple est corrompu[1] ». Arrivé ainsi au pouvoir, Saül persécutait David : David en qui Dieu préfigurait le royaume du salut éternel, David que Dieu avait choisi pour régner toujours dans la personne de ses descendants, puisque notre Roi, le Roi des siècles, avec qui nous devons régner éternellement, devait « naître de la race de David selon la chair[2] ». Dieu choisit, élut et prédestina donc David pour être roi, mais il ne voulut point le laisser monter sur le trône avant de lui avoir fait subir l’épreuve de la persécution et de l’en avoir délivré ; et en cela David devait nous figurer d’avance, et figurer en nous le corps dont le Christ est le chef. Car si notre chef lui-même n’a voulu régner dans le ciel qu’après avoir fourni sur la terre une carrière pénible ; s’il n’a voulu élever jusqu’au ciel le corps dont il s’était revêtu ici-bas, qu’en lui faisant suivre une voie douloureuse, de quel droit les membres oseraient-ils se promettre de pouvoir être plus

  1. Job. 34,30
  2. Rom. 1,3