Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VIII.djvu/583

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avoir dit de lui : Il n’est pas Dieu, ils proclament sa divinité ; qu’ils reviennent à l’héritage de leurs pères, Abraham, Isaac et Jacob, et possèdent avec leurs ancêtres la vie éternelle, quoiqu’ils aient perdu la vie temporelle ! Comment cela ? en cessant d’être enfants des hommes, et en devenant enfants de Dieu ; car tant qu’ils resteront dans leur incrédulité, et ne consentiront point à se convertir, à eux s’appliqueront ces paroles : « Il n’y en a pas qui fasse le bien, il n’y en a pas un seul ; ils ont été couverts de confusion, parce que Dieu les a méprisés ». Le Prophète semble se tourner vers eux, et leur dire : « Qui est-ce qui donnera de Sion un Sauveur à Israël ? » Insensés, vous outragez, vous insultez, vous souffletez, vous couvrez de crachats, vous couronnez d’épines, vous crucifiez. Savez-vous qui ? « Qui est-ce qui donnera de Sion le salut à Israël ? » N’est-ce point celui-là même de qui vous avez dit : « Il n’est pas Dieu ? » « Ce sera Dieu, quand il fera cesser la captivité de son peuple ». Celui-là seul peut faire cesser la captivité de son peuple, qui a consenti à se livrer entre nos mains. Mais qui est-ce qui le comprendra ? « Jacob sera dans la joie, et Israël dans l’allégresse ». Oui, ce Jacob, oui, cet Israël qui a tenu son aîné sous sa dépendance, sera dans l’allégresse, parce qu’il aura l’intelligence de toutes choses.


DISCOURS SUR LE PSAUME 53

SERMON AU PEUPLE.

MÉPRIS DU MONDE.

D’après le titre de ce psaume, David s’était réfugié chez les Ziphéens pour y trouver un abri contre les poursuites de Saül ; mais il fut trahi par ceux-là mêmes an milieu desquels il avait espéré trouver un toit hospitalier. David représentait, en cette circonstance, le Sauveur et ses disciples, comme les Ziphéens figuraient les mondains, dont l’éclat n’est que passager. La

prière adressée à Dieu par le roi fugitif du sein de sa retraite, convient donc parfaitement à Jésus-Christ et à l’Église, dont les membres sincères sont cachés aux yeux du monde. L’humilité du chrétien et l’éclat du mondain ne dureront pas ; de là, pour le premier, le désir de ne point briller ici-bas, de ne pas mettre ses espérances dans les éphémères futilités de la terre, mais de les placer en Dieu et de le servir pour lui-même.


1. Si nous saisissons bien le sens du titre de ce psaume, sa longueur même nous sera avantageuse ; et, puisque le Psaume est court, nous emploierons, à expliquer le titre, le temps que l’explication du psaume laissera à notre disposition. Du sens de ce titre bien compris dépend l’intelligence du psaume dont nous venons de chanter les versets : car l’homme qui lit bien l’inscription placée au frontispice d’une maison, y pénètre sans crainte, et ne s’égare pas quand il y est entré, parce que l’inscription a été mise au seuil de l’édifice, dans l’unique but d’indiquer les moyens de ne point s’y égarer. Ce psaume est ainsi conçu : « Pour la fin, dans les hymnes, intelligence à David, lorsque les habitants de Ziph vinrent trouver Saül pour lui dire : David n’est-il pas caché chez nous[1] ? » Nous savons que Saül persécutait le saint homme David : il était la figure du royaume de ce monde, prédestiné non pas à la vie, mais à la mort. Nous nous souvenons de l’avoir déjà expliqué à votre charité. Vous devez le savoir aussi ; et, si vous le saviez déjà, vous le rappeler. David préfigurait le Christ ou le corps du Christ. Qu’était-ce donc que les Ziphéens ? Il y avait un bourg du nom de Ziph, dont les habitants s’appelaient Ziphéens : David s’était retiré sur leur territoire pour échapper aux poursuites de Saül, qui le recherchait et voulait le faire mourir. À peine eurent-ils connaissance de ce fait, qu’ils allèrent indiquer à Saül la retraite de sa victime,

  1. Ps. 53,1-2