Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VIII.djvu/676

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sont changés pour David, pour l’inscription du titre. Ce sont eux qui parlent ici : ils ont été frappés pour leur salut, qu’ils se relèvent donc, et qu’ils parlent ; puisqu’ils sont devenus meilleurs, puisqu’ils ont été changés pour l’inscription du titre, pour leur instruction, pour David, qu’ils disent donc : « Mon Dieu, vous nous avez rejetés et détruits ; vous vous êtes irrité et vous avez pris pitié de nous ». Vous nous avez détruits pour nous réédifier ; vous avez détruit en nous ce qui était mauvais, notre vaine vieillerie, afin d’y reconstruire l’édifice de l’homme nouveau, qui doit subsister toujours. Le Prophète dit avec raison que « vous vous êtes irrité et que vous avez pris pitié de nous ». Car si vous ne vous étiez pas mis en colère, vous n’auriez pas eu compassion de nous. Vous nous avez détruits dans votre colère, mais votre colère ne s’est allumée que contre notre vieillerie, afin de l’anéantir. Vous nous avez pris en pitié en vue de notre renouvellement, en vue de ceux qui sont changés pour l’inscription du titre ; parce que si en nous l’homme extérieur se corrompt, l’homme intérieur s’y renouvelle de jour en jour[1].
4. « Vous avez ébranlé la terre, et vous l’avez troublée ». Comment la terre a-t-elle été troublée ? Par le remords qui naît du péché. Où irons-nous ? où fuirons-nous pour éviter les coups de cette épée que le Seigneur fait vibrer à nos yeux : « Faites pénitence, car le royaume des cieux est proche ? »[2] Vous « avez ébranlé la terre et vous l’avez troublée. Guérissez ses meurtrissures, parce qu’elle a u été ébranlée ». Elle n’est pas digne d’être guérie, si elle n’est pas ébranlée. Tu parles, tu prêches, tu menaces de la colère de Dieu, tu annonces le jugement à venir, tu fais connaître les volontés du Très-Haut : ton zèle à cet égard ne se refroidit pas ; mais celui qui t’écoute n’éprouve aucun sentiment de crainte ; rien ne l’ébranle : il n’est pas digne d’être guéri. Pour celui que ta parole remue, qui se sent pénétré jusqu’au fond du cœur ; qui se frappe la poitrine et répand des larmes, on peut lui appliquer ces paroles : « Guérissez ses meurtrissures, parce qu’elle est ébranlée ».
5. L’homme terrestre donc a été frappé à mort, notre vieillerie a été consumée par le feu ; l’homme est devenu meilleur ; ceux qui étaient plongés dans les ténèbres sont arrivés à la lumière : aussi lisons-nous maintenant ce qui se trouve encore écrit ailleurs : « Mon fils, lorsque vous entrerez au service de Dieu, demeurez ferme dans la justice et dans la crainte, et préparez votre âme à la tentation »[3]. Ton premier soin doit être de te déplaire, afin de te purifier de tes péchés, et de devenir meilleur. Tu devras, en second lieu, puisque tu seras converti, supporter patiemment les tribulations et les épreuves de la vie, et y persévérer courageusement jusqu’à la fin. Le Prophète a donc voulu y faire allusion et en parler, quand il a dit : « Vous avez fait voir de dures choses à votre peuple », à ce peuple, qui est devenu le vôtre, puisque David l’a rendu tributaire par sa victoire. « Vous avez montré de dures choses à votre peuple ». En quoi ? Dans les persécutions souffertes par l’Église du Christ, lorsque le sang des martyrs a coulé à grands flots. « Vous avez fait voir de dures choses à votre peuple ; vous nous avez abreuvé d’un vin aigre » ; qu’est-ce à dire, d’un vin aigre ? C’est-à-dire, d’un vin qui ne donnait pas la mort : ce n’était pas un poison qui tue, c’était une médecine cuisante. « Vous nous avez abreuvés d’un vin aigre ».
6. Comment cela ? « Vous avez donné un signe à ceux qui vous craignent, afin qu’ils prennent la fuite et s’écartent de l’arc ». En nous éprouvant par les tribulations de cette vie, vous nous avez avertis d’éviter les douleurs causées par le feu éternel, car l’apôtre saint Pierre a dit : « Le temps est venu où Dieu commencera son jugement par sa propre maison ». Lorsque le monde faisait éclater partout sa fureur, lorsque les persécuteurs répandaient de tous côtés la souffrance et la mort, que le sang des fidèles coulait à longs et larges flots, et que les chrétiens enduraient d’intolérables tourments au milieu des chaînes des prisons et des instruments de supplice, saint Pierre exhortait les martyrs à la patience, et leur disait : « Voici le temps où Dieu commence son jugement par sa propre maison ; et s’il commence ainsi par nous, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de Dieu ? Si le juste lui-même se sauve avec tant de peine, que deviendront alors les impies et les pécheurs ? »[4] Qu’arrivera-t-il donc au jugement ? L’arc est

  1. 2 Cor. 4,16
  2. Mt. 3,2
  3. Sir. 2,1
  4. 1 Pi. 4,17-18