Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

créature, souhaiterai-je d’être créée de nouveau ? « Vous êtes mon Dieu », vous êtes mon Créateur ; c’est vous qui m’avez créé par votre Verbe, et créé de nouveau parce même Verbe. Vous m’avez créé par le Verbe-Dieu qui demeure en vous, et créé de nouveau par le Verbe fait chair pour nous. « Apprenez-moi donc à faire votre volonté, parce que vous êtes mon Dieu ». Si vous ne m’instruisez, je ferai ma volonté, et mon Dieu m’abandonnera. « Apprenez-moi à faire votre volonté, parce que vous êtes mon Dieu ». « Enseignez – moi », car vous ne serez pas mon Dieu pour que je sois mon maître. Voyez comme notre psaume prêche la grâce de Dieu. Retenez ces instructions, abreuvez-en votre âme, et que nul ne les arrache de vos cœurs ; de peur que vous n’ayez le zèle de Dieu, mais non selon la science ; de peur que dans votre ignorance de la justice de Dieu, vous ne prétendiez établir la vôtre[1], et que dès lors vous ne soyez plus soumis à la justice de Dieu. Vous savez que ces paroles sont de l’Apôtre ; répétez dès lors avec le Prophète : « Enseignez-moi à faire votre volonté, parce que vous êtes mon Dieu ».
18. « Votre Esprit plein de bonté », non le mien qui est méchant : « Votre Esprit plein de bonté me conduira dans la terre de Droiture », parce que mon esprit pervers m’a conduit dans la terre de perversion. Qu’ai-je donc mérité, Seigneur ? Quelles bonnes œuvres ai-je pu faire sans votre secours, pour obtenir, pour me rendre digne d’être conduit par votre Esprit dans la terre de la justice ? Quelles sont mes œuvres, ou mes mérites ? « C’est à cause de votre nom, ô mon Dieu, que vous me donnerez la vie ». Comprenez autant qu’il est en vous cette prédication de la grâce qui vous a sauvés gratuitement. C’est, à cause de votre nom, Seigneur, que vous me donnerez la vie. « Ce n’est point à nous, Seigneur, qu’il faut donner la gloire, ce n’est point à nous, mais à votre nom ». Car c’est à cause de votre nom que vous nous donnerez la vie « dans votre justice », et non point dans la mienne ; non point à cause de mes mérites, mais à cause de votre miséricorde. Si je prétendais m’appuyer sur mes mérites, je ne mériterais que l’enfer. Vous avez donc détruit en moi tout mérite, pour y insérer vos dons. « C’est à cause de votre nom, Seigneur, que vous me donnerez la vie, et dans votre justice vous délivrez mon âme de la tribulation ; et dans votre miséricorde vous perdrez mes ennemis vous perdrez tous ceux qui affligent mon âme, parce que je suis votre serviteur ».[2]

  1. Rom. 10,2-3
  2. Ps. 112,1