Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/623

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

QUARANTE-DEUXIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CE PASSAGE : « JE SAIS QUE VOUS ÊTES ENFANTS D’ABRAHAM, MAIS VOUS CHERCHEZ À ME FAIRE MOURIR », JUSQU’À CET AUTRE : « C’EST POURQUOI VOUS NE LES ENTENDEZ POINT, PARCE QUE VOUS N’ÊTES PAS DE DIEU ».(Chap. 8,37-47.)

LES JUIFS, ENFANTS DU DÉMON.

Les Juifs se prétendaient libres, parce qu’ils descendaient d’Abraham et qu’ils étaient les enfants de Dieu ; mais Jésus leur montre que s’ils tenaient d’Abraham et de Dieu leur existence matérielle, ils n’en étaient pas spirituellement les fils à cause de leurs désordres, de leur incrédulité et de leurs vices : ils n’étaient, à vrai dire, que les héritiers du démon, et parce que le démon est le Père du mensonge, ils n’écoutaient point le Sauveur, qui est la Vérité, qui est de Dieu.


1. Sous la forme d’esclave, Notre-Seigneur Jésus-Christ n’était pas esclave, et quoiqu’il en eût revêtu l’apparence, il n’en était pas moins le souverain Seigneur de toutes choses ; par sa forme charnelle, il semblait esclave, mais quoique sa chair fût pareille à celle du péché, elle n’était cependant pas une chair de péché [1]. Il promit la liberté à ceux qui croiraient en lui ; mais, fiers de la leur propre, ne s’apercevant pas qu’ils étaient soumis au joug du péché, les Juifs refusèrent dédaigneusement de devenir vraiment libres et, parce qu’ils étaient la race d’Abraham, ils prétendirent qu’ils ne dépendaient de personne. Ce que le Sauveur leur répondit, la leçon d’aujourd’hui vient de nous l’apprendre ; le voici : « Je sais », dit-il, « que vous êtes enfants d’Abraham, mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole ne trouve pas accès en vous ». Je vous connais : « Vous êtes les enfants d’Abraham, mais vous cherchez à me faire mourir ». Je connais la souche d’où vous sortez, mais je n’en trouve pas la foi dans vos cœurs. « Vous êtes enfants d’Abraham », mais selon la chair ; c’est pourquoi vous cherchez à me faire mourir » ; car « mes paroles ne trouvent pas accès auprès de vous ». Si vous receviez mes discours, ils vous gagneraient, et s’ils vous gagnaient, vous seriez pris, comme des poissons, dans les filets de la foi. Qu’est-ce donc à dire : « Mes paroles ne prennent pas sur vous ? » Elles ne prennent pas sur votre cœur, parce que vous ne les y recevez pas. La parole de Dieu est, à vrai dire, et elle doit être pour les fidèles, comme un hameçon pour le poisson : elle saisit, quand on la saisit ; et en cela, il n’y a aucune violence commise à l’égard de ceux qui y sont pris, car ils y sont pris pour leur salut, et non pour leur perte ; voilà pourquoi le Sauveur dit à ses Apôtres : « Venez à ma suite, je vous ferai « pêcheurs d’hommes[2] ». Les Juifs n’étaient pas de ce caractère, et pourtant ils étaient enfants d’Abraham ; fils d’un homme de Dieu, mais hommes pécheurs. Il était la source de leur existence en cette vie, mais ils avaient dégénéré en n’imitant pas la foi de celui dont ils étaient les enfants.
2. Vous avez certainement entendu ces paroles du Sauveur : « Je sais que vous êtes enfants d’Abraham ». Écoutez ce qu’il dit ensuite : « Je vous dis ce que j’ai vu en mon Père ; et vous aussi, vous faites ce que vous avez vu en votre père ». Il avait dit précédemment : « Je sais que vous êtes enfants d’Abraham ». Mais que font-ils ? Ce qu’il leur a dit : « Vous cherchez à me faire mourir ». Jamais, en Abraham, ils n’ont vu pareille chose. En nous parlant de son Père dans ce passage : « Ce que j’ai vu en mon Père, je « vous le dis », le Sauveur a voulu nous parler de Dieu. J’ai vu la vérité, je dis la vérité, parce que je suis la, vérité. Le Sauveur dit la vérité qu’il a vue en son Père ; il s’est vu lui-même et il en parle, parce qu’il est la vérité du Père, qu’il a vue dans le Père ; en effet, il est le Verbe, et le Verbe était en Dieu. Pour les Juifs, où ont-ils donc vu le mal qu’ils font, et que le Christ leur reproche et condamne

  1. Rom. 8, 3
  2. Mt. 4, 19