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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/697

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comme l’avait fait l’Apôtre. « À Dieu ne plaise », nous dit-il, « que je me glorifie, sinon dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi et moi je suis crucifié pour le monde [1] ». En effet, les Juifs impies s’étant, dans leur fol orgueil, moqués de sa croix, le Seigneur a placé cette croix sur le front de ceux qui croient en lui (c’est là qu’est, en quelque sorte, le siège de la pudeur), afin que la foi ne rougisse pas de sou nom, et qu’elle aime la gloire de Dieu plus que celle des hommes.

CINQUANTE-QUATRIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CES PAROLES DE JÉSUS : « CELUI QUI CROIT EN MOI, NE CROIT PAS EN MOI, MAIS EN CELUI QUI M’A ENVOYÉ », JUSQU’À CES AUTRES : « CE QUE JE DIS, JE LE DIS SELON QUE LE PÈRE M’A DIT ». (Chap. 12,44-50.)

LA DIVINITÉ DU CHRIST.

Dans la crainte de voir ses auditeurs le regarder comme un simple homme, Jésus leur dit que qui croit en lui croit en son Père ; et pour leur montrer qu’il est Dieu, il ajoute : Qui me voit, voit mon Père ; aussi, je jugerai, à la fin, les hommes rebelles à mes paroles, puisque ce ne sont pas mes paroles, mais celles que le Père m’a enseignées en m’engendrant de toute éternité.


1. Pendant que Notre-Seigneur Jésus-Christ parlait aux Juifs et confirmait sa doctrine par de si grands miracles, que quelques-uns, prédestinés à la vie éternelle et qu’il appela ses brebis, crurent en lui, d’autres au contraire ne crurent pas en lui, et ils ne pouvaient pas croire, aveuglés et endurcis qu’ils étaient par un secret, mais non pas injuste jugement de Dieu ; ils avaient été, en effet, abandonnés par celui qui résiste aux superbes, mais qui donne sa grâce aux humbles [2]. Parmi ceux qui crurent en lui, il s’en trouva pour le confesser généreusement ; car ils prirent à leur main des branches d’arbres et vinrent au-devant de lui, traduisant par la même expression leur joie et leurs louanges. D’autres, au contraire, qui étaient du nombre des princes, n’osèrent confesser leur foi, de peur d’être chassés de la synagogue ; l’Évangéliste a signalé ces derniers par ces paroles : « Ils ont préféré la gloire des hommes à la gloire de Dieu [3] ». même parmi ceux qui ne croyaient pas, les uns devaient croire plus tard, et Jésus les avait en vue lorsqu’il disait : « Quand vous aurez élevé le Fils de« l’homme, alors vous reconnaîtrez que je suis [4] ». D’autres, au contraire, devaient persévérer dans leur infidélité, comme a fait ce reste de la nation juive qui, après avoir été décimée par la guerre, s’est vue dispersée dans tout le monde pour rendre témoignage à la prophétie qui a été écrite relativement au Christ.
2. Les choses étant ainsi, et le temps de sa passion approchant, « Jésus s’écria et dit » ; ce sont les paroles par lesquelles a commencé la lecture d’aujourd’hui : « Celui qui croit en moi, croit non pas en moi, mais en Celui qui m’a envoyé ; et celui qui me voit, voit Celui qui m’a envoyé ». Déjà il avait dit en un autre endroit : « Ma doctrine n’est pas ma doctrine, mais la doctrine de celui qui m’a envoyé [5] ». À cette occasion, nous avons compris que, par sa doctrine, il entendait le Verbe du Père qui est lui-même, et qu’en disant : « Ma doctrine n’est pas ma doctrine, mais la doctrine de celui qui m’a envoyé », il voulait dire que ce n’était pas de lui-même qu’il était ce qu’il est, mais qu’il avait en quelqu’un son principe [6] ; car

  1. Gal. 6, 14
  2. Jac. 4, 6
  3. Jn. 12, 43
  4. Jn. 8, 28
  5. Id. 7, 16
  6. Traité XXIX