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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/263

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Christ, Mère de Dieu. « Ce qui est né en elle vient du Saint-Esprit ». Et ce qui est né du Saint-Esprit est esprit, parce que « Dieu est esprit ». Pourquoi donc demander ce qui est né du Saint-Esprit ? Il est Dieu, et parce qu’il est Dieu il nous répond avec saint Jean : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu ; et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire[1] ». Jean a vu sa gloire ; vous, infidèle, mesurez l’injure : « Ce qui est né en elle vient du Saint-Esprit. Et nous avons vu sa gloire ». De qui ? « De Celui qui est né du Saint-Esprit » ; du « Verbe qui s’est fait chair et qui a habité parmi nous. Ce qui est né en elle vient du Saint-Esprit ». Une Vierge a conçu, mais par l’action du Saint-Esprit ; une Vierge a enfanté, mais enfanté Celui que prophétisait Isaïe en ces termes : « Voici qu’une Vierge concevra et enfantera un fils, et il sera appelé Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous ». Il sera homme avec eux, mais : « Maudit soit l’homme qui place son espérance dans l’homme[2] ».
5. Qu’ils écoutent, ceux qui demandent quel est celui qui est né de Marie. « Elle enfantera un fils », dit l’Ange, « et ils l’appelleront Jésus ». Pourquoi Jésus ? L’Apôtre répond : « Afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et dans les enfers[3] ». Et vous, disciple trompeur, vous demandez ce qu’est Jésus ? « Que toute langue confesse que le Seigneur Jésus est dans la gloire de Dieu son Père[4] », et vous osez encore demander hautement ce qu’est Jésus !
6. Écoutez de nouveau ce qu’est Jésus « Elle enfantera un fils, et il sera appelé Jésus. Car il sauvera son peuple de leurs péchés ». Ce n’est pas le peuple d’un autre qu’il doit sauver. De quoi le sauvera-t-il ? de leurs péchés. Que Dieu seul puisse remettre les péchés ; si vous n’en croyez pas les chrétiens, croyez du moins à la parole des Juifs : « Vous n’êtes qu’un homme, et vous vous faites Dieu[5] ». « Personne ne peut remettre les péchés, si ce n’est Dieu seul[6] ». Les Juifs refusaient de croire à la divinité de Jésus, puisqu’ils ne lui croyaient pas le pouvoir de remettre les péchés ; vous, au contraire, vous croyez qu’il remet les péchés et vous hésitez à le proclamer Dieu. « Le Verbe s’est fait chair », afin que l’homme-chair pût s’élever jusqu’à la gloire de Dieu, et non pas afin que Dieu fût changé en chair, selon cette parole de l’Apôtre : « Celui qui s’unit à Dieu est un seul esprit avec lui[7] » ; de même, quand Dieu s’unit à l’homme, il est un seul Dieu. Les lois humaines établissent la prescription de trente ans pour éteindre tous les procès ; et voilà déjà près de cinq cents ans que Jésus-Christ soutient la cause de sa naissance. Son origine lui est disputée, sa nature est sans cesse remise en question. Hérétiques, cessez de juger notre Juge, et adorez dans le ciel notre. Dieu que le Mage a proclamé Dieu sur la terre. C’est à lui qu’appartiennent l’honneur et la gloire, la louange et l’empire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il

SEPTIÈME SERMON. LA NAISSANCE DE JÉSUS-CHRIST. (PREMIER SERMON.)

ANALYSE. —1. Difficulté de parler sur un tel sujet. —2. Heureuse difficulté qui nous élève jusqu’à l’unité et la Trinité divine. —3. La Divinité une et trine. —4. La Trinité comparée à l’or. — 5. Un seul Dieu et non pas trois dieux. —6. Jésus-Christ, fils de Marie, pasteur et brebis. —7. La naissance de Jésus-Christ annoncée aux bergers. —8. L’incarnation

  1. Jn. 1, 1,14
  2. Jer. 17, 15
  3. Phil. 2, 10
  4. Id. 2, 11
  5. Jn. 10, 33
  6. Lc. 5, 31
  7. 1 Cor. 6, 17