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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/282

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à ses œuvres, plutôt que de devenir leur égal par l’ignorance de la loi. C’est donc par un juste dessein que l’Auteur du monde attend le temps du monde et veut donner à ce monde le moyen de s’instruire, afin de l’amener à recevoir, si tard que ce soit, son Rédempteur, lui qui avait rejeté son Créateur parce qu’il n’avait pas encore l’expérience de son malheur. « Les jours de l’enfantement furent accomplis, et elle enfanta un fils, l’enveloppa de langes et le déposa dans une crèche[1] ». Celui qui contient l’univers est renfermé dans le sein d’une femme ; l’Auteur de la nature prend lui-même naissance ; le Créateur des hommes et des temps devient le premier-né des hommes ; le Trésor du ciel est enveloppé sous la pauvreté des langes ; le Maître de la foudre fait entendre le gémissement de l’enfance ; Celui à qui toute créature est soumise est couché dans une étable. Sentez-vous, ô homme, quel est celui qui vous poursuit, afin de vous rappeler Jésus-Christ. Il entre dans le sein d’une femme, afin de vous y reformer ; il naît, afin de vous faire renaître à l’immortalité ; il devient le premier-né des hommes, afin de vous rendre participant de la nature divine. Voilà pourquoi le Christ est couché dans une crèche et devant de vils animaux, c’est afin de leur faire sentir, en quelque sorte, leur Créateur. Enfin il est placé dans une crèche, afin de réaliser cette parole dût Prophète : « Le bœuf a reconnu son possesseur, et l’âne l’étable de son maître[2] ». Le Psalmiste avait dit également : « Seigneur, vous sauverez les hommes et les animaux[3] ». Les hommes ne sont-ils pas comparés aux animaux, dans ces paroles du Sauveur : « Prenez sur vous mon joug, car il est doux, et mon fardeau, car il est léger[4] »

TREIZIÈME SERMON. LA NAISSANCE DE JÉSUS-CHRIST. (SEPTIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. Nous devons naître avec Jésus-Christ par les bonnes œuvres. —2. Nombreuses manifestations de Jésus-Christ. —3. Naissance virginale de Jésus-Christ. —4. Humilité et gloire de Jésus-Christ naissant. —5. Conclusion.


1. Jésus-Christ naît d’une Vierge ; quel éclat ne jette pas sur le monde cette naissance du Sauveur ! En la méditant avec piété, nous mettons un terme à nos péchés, et, rejetant les habitudes criminelles de nos mauvaises actions, nous nous unissons à la vie nouvelle, nous renaissons avec Jésus-Christ naissant. De même qu’aujourd’hui, pour sauver le monde, Jésus-Christ est sorti du sein de Marie, de même le genre humain sort aujourd’hui du sein de Marie, c’est-à-dire des entrailles de l’Église, créé de nouveau par les sacrements mystiques et spirituels, et paraît à la lumière avec Jésus-Christ, et s’élance dans la voie qui mène au salut. Je vous parle ainsi, mes frères, parce que tous nous célébrons aujourd’hui en commun la naissance du Sauveur. Trop peu de chrétiens cherchent à se rendre compte du but et de l’auteur de cette naissance ; car si ce mystère était toujours présent à notre esprit, nous ne pécherions jamais ; et cependant tous disent : C’est aujourd’hui la naissance du Seigneur ; applaudissons par des bonnes œuvres, réjouissons-nous dans le Seigneur par des actions saintes, dépouillons notre malice à l’arrivée de Jésus-Christ et montrons-nous bons en toutes choses. Et pourtant, malgré ce langage,

  1. Lc. 2, 8,7
  2. Isa. 1, 3
  3. Ps. 35, 7
  4. Mt. 11, 28,29