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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/286

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intégrité et à la virginité de son enfantement divin. Celui qui, dans l’Eden, avait employé une terre vierge pour former l’homme, créa le second Adam dans le sein d’une vierge ; et comme le premier Adam, créé âme vivante, dépouilla sa postérité des biens qui lui avaient été accordés, de même le second Adam est venu nous rendre tous ces biens dans l’Esprit vivificateur, après avoir replacé l’homme dans un état supérieur à celui dont il jouissait d’abord. Incrédule, vous doutez qu’une vierge ait pu concevoir ou enfanter. Mais ne voyez-vous pas que, parmi les abeilles, toutes les mères sont vierges ? elles conçoivent par la bouche dans le baiser des fleurs, et elles engendrent par la rosée du ciel, comme elles-mêmes ont été engendrées ; elles sortent filles vierges, et cependant, en revenant vierges, elles se connaissent vierges et mères. De même Marie ne connaît pas d’homme, et cependant elle enfante ; elle n’a reçu aucun mari de la terre, mais elle a reçu un fils du ciel. Celui qu’elle nous donne par son enfantement virginal, se révèle lui-même dans sa toute-puissance comme étant le Fils de Dieu ; comment exprimer un tel prodige ? Les cantiques des anges, l’admiration des bergers, les déclarations des Mages, l’éclat de l’étoile, la persécution d’Hérode, le ravissement de Siméon, les prédications de Jean, les cieux ouverts, la voix même de Dieu, tout cela manifeste Jésus-Christ et le proclame le Fils unique du Père. Le Saint-Esprit le manifeste à son tour en descendant sur lui en forme de colombe, et une clarté divine l’entoure d’une splendeur céleste ; c’est ainsi que les cieux nous montrent Dieu descendu parmi les hommes et annoncent au genre humain qu’il trouvera son salut dans le Fils de Dieu qui règne avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

QUINZIÈME SERMON. LA NAISSANCE DE JÉSUS-CHRIST. (NEUVIÈME SERMON).

ANALYSE. —1. La naissance du Sauveur annoncée par les Prophètes. —2. Actions de grâces à Jésus-Christ naissant. —3. Il vient pour exercer miséricorde. —4. Nécessité de nous attacher à lui. —5. Exhortation à une vie sainte. —6. L’univers entier doit tressaillir à la naissance du Sauveur.


1. Nous célébrons aujourd’hui, mes frères, la naissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; aujourd’hui « la vérité est sortie de la terre, et la justice nous a regardés du haut du ciel[1] » ; aujourd’hui le Sauveur a daigné naître dans la chair ; aujourd’hui, lumière du monde, il s’est élevé pour arracher le monde à sa ruine ; aujourd’hui, lumière éternelle, ou plutôt soleil de justice plus éclatant que toute lumière, il est sorti du sein virginal de Marie. C’est le jour de notre rédemption, de notre salut, « de la voie, la vérité et la vie[2] » ; c’est le jour où notre héritage, notre royaume, notre paradis, en un mot le Christ Jésus, est sorti de la terre, c’est-à-dire de la bienheureuse Marie. Aujourd’hui, en revêtant notre chair, l’invisible Divinité s’est rendue visible aux hommes ; aujourd’hui Dieu nous est apparu dans la nature de l’homme. « Nations entières, applaudissez des mains, célébrez votre Dieu dans les chants de l’exaltation[3] » ; car « un enfant nous est né, le Fils nous a été donné, il porte sa puissance sur ses épaules et il sera nommé l’Ange du grand

  1. Ps. LXXXIV
  2. Jn. 14, 6
  3. Ps. 46, 2