Aller au contenu

Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vers la terre, et il ne trouvait personne qui pût le relever ni l’arracher à l’abîme du péché. C’est dans ce but que Notre-Seigneur est venu, et rencontrant cette femme courbée que « Satan retenait liée depuis dix-huit ans, sans qu’elle pût se redresser[1] », il la guérit lui-même par la puissance de sa divinité. L’état physique de cette femme était l’image de l’état moral du genre humain ; comme sa guérison est l’image de la liberté que nous a rendue le Sauveur en brisant les liens sous lesquels Satan nous retenait captifs, et en nous permettant de regarder le ciel. Si donc autrefois nous marchions dans la tristesse sous le poids de toutes nos misères, aujourd’hui regardons le médecin qui vient à nous, et tressaillons de joie[2].

DIX-SEPTIÈME SERMON. LA NAISSANCE LE JÉSUS-CHRIST. (ONZIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. Jésus-Christ est descendu du ciel pour nous sauver. —2. Marie mère et vierge. —3. La virginité de Marie prouvée contre les Manichéens.


1. La sainte et glorieuse solennité de ce jour jette partout le plus vif éclat et apporte le salut au genre humain tout entier. Le Seigneur a vu la terre couverte de péchés et plongée dans l’abîme où l’avait précipitée l’ennemi de tout bien, mais il a daigné la secourir par Jésus-Christ. Il ne s’est pas contenté de ce qu’il faisait autrefois, d’envoyer des Prophètes pour prêcher aux hommes et les détourner des pièges de l’enfer. Le Père de famille a vu qu’il était méprisé dans la personne de ses envoyés ; il s’est dit à lui-même : « Que ferai-je ? ne dois-je pas leur envoyer mon Fils unique et bien-aimé ? Peut-être ils le respecteront[3] ». En effet, tout homme, fût-il juste, porte en lui-même la trace du péché, il participe aux misères communes, et a lui-même besoin de miséricorde ; « car tous cherchent leur propre gloire et non pas celle de Jésus-Christ[4] ». Le premier des Prophètes ainsi envoyés fut Moïse, ensuite Aaron, Isaïe, Jérémie, Élie et les autres, et aucun d’entre eux n’a pu nous procurer la guérison ; car pour cela il nous fallait voir Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le Sauveur eut pitié de nous, il descendit vers nous, n’ayant en lui-même ni ruse ni péché, ni mélange d’aucun mal ; car il est la justice, l’innocence, la sainteté même, brillant « comme l’argent purifié au creuset, purifié sept fois[5] » ; loin d’avoir en lui-même aucun péché, il est venu pour condamner celui qui « a fait le péché et qui possédait l’empire de la mort[6] ».
2. Alors fut accompli cet oracle d’Isaïe : « Voici venir le Seigneur sur une nuée légère[7] ». Quelle est cette nuée légère, sinon la Vierge Marie, qui n’a, jamais ressenti le poids d’aucun péché ? Après le ciel, elle a pu porter le Seigneur, puisqu’elle a mérité de rester vierge après l’enfantement. Le Roi des auges s’est renfermé dans sa créature, et il a apparu parmi les hommes comme une perle éclatante et précieuse. Quelle et combien grande fut la Vierge Marie, qui a pu porter le Seigneur, quand le ciel et la terre sont impuissants à le contenir ; elle a

  1. Lc. 13, 11-16
  2. La suite de ce sermon se retrouve textuellement dans le sermon CLXXXVI, tome 7, page 135, numéro 1, commençant à ces mots : Si donc le Verbe fait chair, etc.
  3. Mt. 21, 37
  4. Phil. 2, 21
  5. Ps. 11, 7
  6. Héb. 2, 14
  7. Isa. 19, 1