Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/379

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exemples rappellent sans cesse aux fidèles le bonheur de souffrir. Enfin les saints martyrs ont donné leur vie pour Jésus-Christ, et se sont renoncés eux-mêmes afin de se donner tout entiers à leur Créateur. Ils ont méprisé les supplices, les tourments, les croix, le feu, le gibet, les bêtes féroces ; aucune souffrance ne peut faire fléchir le courage de ceux dans le cœur desquels l’amour de Dieu régnait en souverain.

3. Les saints ont toujours méprisé cette misérable vie de la terre, et se montraient disposés à embrasser pour Dieu toutes les souffrances ; voilà pourquoi l’on peut dire de leur mort qu’elle « est précieuse devant Dieu » ; de toutes les choses du monde, aucune ne leur paraissait digne d’occuper leur cœur. Qu’ils soient suspendus à la croix, qu’ils soient jetés à la dent des bêtes féroces, leur mort, quelle qu’elle soit, est précieuse, parce qu’elle est la possession solennelle de leur foi. C’est d’eux que Salomon a dit ; « Quoiqu’ils aient souffert toute sorte de tourments devant les hommes, leur espérance est pleine d’immortalité ; et après des souffrances d’un moment ils seront comblés de bonheur pendant l’éternité[1] ». De là aussi ces belles paroles de l’Apôtre : « Qui nous séparera de la charité de Jésus-Christ ? sera-ce l’affliction, les déplaisirs, la faim, la nudité, les périls, la persécution, le fer ? Selon qu’il est écrit : On nous fait mourir tous les jours pour l’amour de vous, Seigneur ; on nous regarde comme des brebis destinées à être égorgées. Mais, parmi tous ces maux, nous demeurons victorieux par Celui qui nous a aimés. Car je suis assuré que ni la a mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les choses futures, ni la violence, ni tout ce qu’il y a de plus haut ou de plus profond, ni aucune autre créature, ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu, en Jésus-Christ Notre-Seigneur[2] ».

PREMIER SUPPLÉMENT. – QUATRIÈME SECTION. – SUJETS DIVERS.

SOIXANTE-CINQUIÈME SERMON. SUR LA PÉNITENCE.

ANALYSE. —1. La pénitence nécessaire à tous. —2. Cette nécessité se prouve par l’état de la conscience et par l’exemple des Ninivites. —3. La pénitence doit être pratiquée par les justes eux-mêmes. —4. Personne ne peut, se soustraire à ce devoir, alors même qu’on se flatterait d’être juste ; une telle prétention serait à elle seule un crime. —5. Conclusion.


1. Dans la lecture de l’Évangile, nous avons entendu ces paroles : « Faites pénitence, car le royaume des cieux est proche[3] ». Le royaume des cieux, c’est Jésus-Christ qui sait discerner les bons d’avec les méchants, et juger de toutes choses. Prévenons donc le courroux de Dieu en confessant nos péchés, et avant de paraître en jugement purifions nos âmes de toutes leurs erreurs. Le danger serait de ne point savoir quel remède nous devons appliquer au péché ; comprenons du moins que, devant expier les causes de notre négligence, c’est pour nous une obligation de faire pénitence. Sachez, mes frères, quel amour nous a prodigué le Seigneur notre Dieu, puisqu’il veut que nous expiions nos fautes avant de paraître à son tribunal, où nous ne trouverions que la justice. Il nous prévient donc à l’avance, afin de n’avoir pas à

  1. Sag. 3, 4-5
  2. Rom. 8, 35-38
  3. Mat. 4, 17