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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/394

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qui sera répandu pour plusieurs, en rémission de leurs péchés[1] ». Voilà ce que vous lisez dans l’Évangile, nu ce que vous entendiez, mais sans savoir que l’Eucharistie c’est le Fils de Dieu. Maintenant que vos cœurs sont purifiés, que votre conscience est sans tache, que vos corps sont lavés dans une eau pure, « approchez de Dieu, et vous serez éclairés, et vos fronts n’auront plus à rougir[2] ». Si vous recevez dignement en effet ce sacrement de la nouvelle alliance, et qui vous donne l’espérance de l’héritage éternel, si vous observez le commandement nouveau, de vous aimer les uns les autres, vous avez en vous la vie éternelle. Car vous recevez cette chair, dont celui qui est la vie a dit : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde » ; et encore : « Celui qui ne mangera pas ma chair et ne boira point mon sang, n’aura pas la vie en lui[3] ».

4. Ayant donc la vie en lui, vous serez avec lui dans une même chair. Car ce Sacrement ne relève pas le corps du Christ jusqu’à nous en exclure. L’Apôtre nous rappelle, en effet, cette prédiction des saintes Écritures : « Ils seront deux dans une même chair ; c’est là », dit-il, « un grand sacrement, et moi je dis en Jésus-Christ et en l’Église[4] ». Et ailleurs, à propos de cette même Eucharistie, il dit encore : « Nous sommes tous un seul pain et un seul corps[5] ». Vous commencez donc à recevoir ce que vous commencez à être, si vous ne le recevez point indignement, de manière à manger et à boire votre jugement. Car il dit aussi : « Quiconque mangera ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable du corps et du sang du Seigneur. Que l’homme donc s’éprouve lui-même, et qu’après cela il mange de ce pain et boive de cette coupe ; car celui qui mange et qui boit indignement, boit et mange son jugement[6] ».

5. Or, vous le recevez dignement, si vous évitez tout ferment d’une mauvaise doctrine, pour être « les azymes de sincérité et de vérité[7] » ; ou bien, si vous gardez ce levain de la charité, « qu’une femme cacha dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que le tout ait fermenté[8] ». Car, cette femme c’est la sagesse de Dieu, qui a pris dans le sein d’une Vierge une chair mortelle, qui répand son Évangile dans le monde entier qu’elle repeupla après le déluge au moyen des trois fils de Noé, lesquels paraissent ici comme les trois mesures. « Jusqu’à ce que le tout ait fermenté ». Tel est ce « tout », comme l’on dirait en grec, ʽ`Ολον ; et, en conservant le lien de la paix, vous serez selon le « tout », ou Κάθολον, d’où vient le surnom de catholique.

QUATRIÈME SERMON. SUR LA PÂQUE[9].

ANALYSE. —1. Le Christ agneau et lion.

1. Selon cette vérité qu’ont fait retentir les Apôtres, a dont l’éclat s’est répandu sur toute « la terre, et les paroles jusqu’aux derniers rivages du monde[10], le Christ, notre Pâque, a été immolé[11] ». C’est de lui que le Prophète

  1. Mat. 26, 28
  2. Psa. 33, 6
  3. Jn. 6, 52-54
  4. Eph. 5, 32
  5. 1Co. 10, 17
  6. Id. 11, 27-29
  7. Id. 5, 8
  8. Mat. 13, 33
  9. On lit dans le manuscrit, fol. 5 : « Autre sermon de saint Augustin pour le même jour ».
  10. Psa. 18, 5
  11. Rom. 10, 18