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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/452

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enseigner l’Esprit-Saint ? Dis-moi, pourquoi ne le fait-il plus maintenant, sinon parce qu’il y avait là une figure ? Quelle était cette figure, sinon que l’Évangile serait prêché en toutes les langues ? J’ose l’affirmer. Et voilà que maintenant on le prêche en toute langue. C’est en toute langue que l’Évangile se fait entendre, et ce que je disais tout à l’heure des membres, je le dis maintenant des langues. Et de même que l’œil dit : Le pied marche pour moi ; que le pied dit à son tour L’œil voit pour moi ; de même je dis maintenant : La langue grecque est la mienne, la langue hébraïque est la mienne, la langue syriaque est la mienne. Car tous n’ont qu’une même foi, tous sont dans les liens de la même charité. Ce que le Seigneur a démontré, les Prophètes l’avaient prédit : « Leur voix a retenti dans toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités du monde[1] ». Ainsi l’Église a grandi, au point d’être appelée catholique, de l’univers entier. Et voyez que toutes les langues ont parcouru toutes les terres. « Il n’est point d’idiome, point de langage dans lequel on n’entende cette voix[2] ».

12. Je suis donc dans cette Église, et toi tu n’y es pas. Si donc tu en es retranché, vois d’où tu es retranché ; reviens pour être inséré de nouveau, de peur que tu ne viennes à dessécher pour être jeté au feu. Ce sont les Prophètes, ce sont les Apôtres, c’est le Seigneur qui vous parle de l’Église répandue dans toute la terre. Tous portent ce jugement qui te condamne. Du proconsul, on va au tribunal de l’empereur ; mais de l’Évangile, à qui en appeler ? A Donat ? Donat jugera à l’encontre du Christ ? Que t’enseignera Donat ? J’ai mon Christ que j’ai prêché en Afrique. Que t’enseignera-t-il ? Dira-t-il : Je me suis exposé pour le Christ, et : j’ai succédé au Christ ? Tel est son unique parti : dire qu’il a osé retrancher des hommes du corps de l’Église, parce qu’il a succédé au Christ. Telle est la sentence da Christ, ainsi disent les Évangiles. « Dans toutes les nations », dit le Seigneur, « en commençant par Jérusalem ». C’est donc par Jérusalem que l’Évangile a commencé ; c’est là qu’est descendu le Saint-Esprit, là qu’étaient les Apôtres quand il est descendu sur eux, là que l’Évangile a commencé à être prêché pour passer de là en Afrique. Où donc est-il allé ensuite ? Les aurait-il abandonnés ? Il ne les a point abandonnés, s’ils ne le veulent point. Car nous aussi, nous sommes de l’Afrique. Et l’Évangile venu en Afrique est demeuré parmi les catholiques africains, comme il demeure chez toutes les nations. Parmi toutes les nations, en effet, il y a des hérétiques, les uns ici, les autres là, et ceux des autres nations ne sont point nés en Afrique. Ils ont été retranchés de la vigne, car la vigne catholique les connaît tous, tandis qu’eux-mêmes ne se connaissent point. Elle connaît les sarments, cette vigne d’où ils ont été retranchés ; elle les connaît tous, et ceux qui demeurent en elle, et ceux qui en sont retranchés, puisque l’Église catholique est répandue partout. Ces sarments sont demeurés à l’endroit même où ils ont été retranchés, ils n’ont pu se disperser çà et là dans le monde ; au lieu que cette vigne répandue partout alimente partout ses rameaux, et partout pleure ceux qui sont retranchés. Elle crie à tous de revenir, afin qu’on les insère de nouveau. Son appel n’est point toujours entendu, et toutefois les mamelles de sa charité ne se fatiguent point à épancher le lait de l’exhortation. Elle est dans l’anxiété pour ceux qui sont retranchés ; en Afrique, elle crie vers les Donatistes ; en Orient, vers les Ariens, vers les Photiniens, vers les autres, et ces autres encore. Répandue en effet partout, elle trouve partout à rappeler en elle ceux qui étaient ses branches et qui sont retranchés. Ce sont des sarments qui ont commencé par devenir stériles et qu’on a dû séparer. S’ils ne s’obstinent point dans l’infidélité, ils seront insérés de nouveau. Voilà, mes frères, ce qu’il nous faut écouter avec crainte, et sans orgueil ; avec charité, afin de prier pour eux. Adressons-nous au Seigneur, etc.

  1. Psa. 18, 5
  2. Id. 4