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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/512

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CINQUIÈME SERMON, SUR CES PAROLES DE L’APÔTRE AUX GALATES. « MES FRÈRES, SI QUELQU’UN EST TOMBÉ PAR SURPRISE EN QUELQUE PÉCHÉ, VOUS AUTRES QUI ÊTES SPIRITUELS », ETC. PRÊCHÉ A CARTHAGE, A LA TABLE DU BIENHEUREUX CYPRIEN[1], LE 6 DES IDES DE SEPTEMBRE.

Les sermons inédits que nous mettons au jour pour la première fois, forment une classe à part et trouveront, selon moi, des champions dans tous ceux qui sont quelque peu versés dans la lecture de saint Augustin. J’ai copié celui-ci du catal. 17, dont j’ai déjà parlé, et lui ai donné le même titre qu’il porte dans ce catalogue. Je ne l’ai point trouvé en d’autres bibliothèques, et si l’on veut l’insérer dans l’édition de Saint-Maur, on peut le mettre avant le164. En lisant le commentaire de Florus sur l’Epître aux Galates, on voit facilement quand s’est servi des pensées de ce sermon pour expliquer les premiers versets du chapitre VI. Les Pères de Saint-Maur, qui ne connaissaient point ce sermon, n’ont vu dans Florus que des extraits du sermon164 ; mais là il s’agit seulement de porter son propre fardeau et celui des autres, tandis qu’ici, tes six premiers versets sont expliqués, et le commentaire de Florus ne s’éloigne point de cette explication. ANALYSE. – Si chacun portera son fardeau, comment le porter mutuellement ? – Le porter mutuellement, c’est pardonner aux autres leurs imperfections. – Porter le nôtre, c’est rendre compte de nos fautes. – Nous devons essayer de redresser les autres, mais dans la douceur. – Ne pas se croire sans péché, ni agir pour la louange. – Le Christ dormirait dans nos âmes. – Chercher la louange c’est, comme les vierges folles, emprunter l’huile des autres.
1. Rappelez-vous, mes frères, ce qu’on vous a lu dans l’épître de l’Apôtre : Mes frères, dit-il, si quelqu’un est tombé par surprise dans quelque faute, vous qui êtes spirituels redressez-le dans l’esprit de douceur, chacun réfléchissant sur soi-même, de peur d’être tenté. Portez mutuellement vos fardeaux, et ainsi vous accomplirez la loi du Christ. Car si quelqu’un s’imagine être quelque chose, il se trompe, puisqu’il n’est rien. Que chacun examine ses propres actions, et alors il aura seulement de quoi se glorifier en lui-même, et noir dans un autre. Que celui que l’on instruit dans les choses de la foi, communique tous ses biens à celui qui l’instruit. Ne vous y trompez pas, on ne se moque pas de Dieu, et l’homme recueillera ce qu’il a semé ; car celui qui a semé dans la chair ne recueillera de la chair que la corruption ; et celui qui sème dans l’esprit, recueillera de l’esprit la vie éternelle. Ne faiblissons pas en faisant le bien ; si nous ne perdons point courage, nous moissonnerons le temps venu. C’est pourquoi, pendant qu’il en est temps, faisons du bien à tous, mais principalement aux serviteurs de la foi[2] ». Voilà ce qu’on a récité de l’apôtre saint Paul, jusque-là je ne suis que lecteur. Toutefois, mes frères, si la lecture est comprise, à quoi bon expliquer davantage ? Voilà que nous avons entendu, que nous avons compris ; c’est à nous d’agir afin de vivre. À quoi bon charger notre mémoire ? Retenez ces leçons et réfléchissez-y. Quelqu’un est-il curieux de savoir comment il faut comprendre cette parole : « Portez mutuellement vos fardeaux », et cette autre qui vient peu après : « Chacun portera son propre fardeau ? » Car vous dites alors dans votre cœur, si toutefois vous en faites la remarque : Comment porter mutuellement ses fardeaux, si chacun doit porter le sien ? Comment les porter mutuellement[3] ? C’est là une question, je l’avoue. Frappez, et l’on vous ouvrira : frappez par votre attention, frappez par l’étude, frappez même pour nous, par vos prières, afin que nous trouvions pour vous des paroles dignes ; en frappant ainsi, vous nous viendrez en aide, et la question sera plus tôt résolue. Puisse chacun mettre en pratique ce qu’il aura compris, aussi efficacement qu’elle sera promptement résolue ! Au point de vue de nos infirmités, « nous portons mutuellement

  1. Voyez sermon CCCX, n. 2, ce que l’on entend, à Carthage, par Table de saint Cyprien.
  2. Gal. 6, 1 et suiv
  3. Cette répétition peut bien être une redondance.