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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/518

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SEPTIÈME SERMON. SUR SAINT JEAN-BAPTISTE.

Quatre catalogues du Mont-Cassin, savoir : le catalogue12, et trois lectionnaires du XIIe siècle, contiennent ce sermon constamment assigné à saint Augustin. Dans la bibliothèque Léopoldine de Blandinius, elle est attribuée à un auteur anonyme. J’ai pris, dans le catalogue 12, l’exorde qu’on lit en abrégé dans la bibliothèque Léopoldine et dans les lectionnaires, sans doute parce qu’il parait quelque peu étranger à cette fête. Toutefois, pour ne point mutiler le sermon, j’ai retenu le titre qu’il porte dans les lectionnaires ; car, à ce titre, le catalogue 12 ajoute une question de verbo et voce, qui a été interceptée par des lacunes, et qu’un copiste négligent a laissée sans solution. Du reste, de pareils changements sont fréquents dans les lectionnaires, les Pères de Saint-Maur en offrent beaucoup d’exemples et donnent cette note au sermon 44, de Verbis Isaiae, c. LIII. « Quant aux sermons de saint Augustin et aux traités que l’on devait lire dans l’église, on les écourtait nécessairement, et on leur adaptait un exorde et une conclusion ». L’Indiculus de Possidius (cap. 8, 9, 10) indique plusieurs sermons pour cette fête, parmi lesquels l’édition de Saint-Maur assigne une place à celui-ci et au suivant (num. 288, 293) ; car les sermons qui portent ces numéros sont d’accord avec ceux-ci et dans les paroles et dans les pensées. On peut regarder celui-ci comme le huitième sur la naissance de saint Jean-Baptiste.

ANALYSE. – De tous les Prophètes, Jean est le plus grand, il a vu en réalité ce que les autres ont vu en esprit. – Il est la mesure de l’homme. – Il s’humilie et dissuade ceux qui le prenaient pour le Christ. – Il n’est que la voix, le Christ est la parole de Dieu.

Puisque[1] le Seigneur a bien voulu, mes frères, ramener à votre charité et ma présence et ma voix, et qu’il l’a fait non plus d’après vos arrangements, mais d’après sa volonté nous lui en rendons grâces avec vous, nous vous obligeons en vous prêchant ; car c’est là notre ministère, dans lequel il est nécessaire et convenable que nous soyons à votre service. C’est, à vous, mes bien-aimés, d’accueillir avec charité tout ce que vous peuvent donner des serviteurs de Dieu, et de le remercier avec nous de ce qu’il nous a donné de passer au milieu de vous cette journée[2]. De quoi parler aujourd’hui, sinon du saint dont nous célébrons la tête ? Jean est donc né d’une mère stérile, pour être le précurseur du Seigneur, né d’une vierge ; dès le sein de sa mère, il a salué et prêché son Seigneur. Jean eut pour mère une femme stérile qui ne connaissait point l’enfantement ; une femme stérile enfanta le héraut, une Vierge enfanta le Juge. Mais Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui devait naître d’une Vierge, s’était fait précéder auprès des hommes par beaucoup d’autres hérauts. Tous les Prophètes ont été envoyés par lui, mais c’était lui qui parlait en eux ; et celui qui vint après eux était avant eux. Dès lors que le Seigneur s’était déjà fait précéder par plusieurs hérauts, quel si grand mérite avait celui-ci ? Quelle si grande supériorité chez celui dont nous célébrons aujourd’hui la fête ? Ce n’est point en effet sans marquer une certaine supériorité, qu’on ne passe point sous silence la naissance de Jean-Baptiste, non plus qu’on ne passe sous silence la naissance de son Maître. Nous ignorons quand vinrent au monde les autres Prophètes, mais il n’est point permis d’ignorer quel jour naquit Jean-Baptiste. Or, voici en lui déjà une grande supériorité : Les autres ont prêché le Seigneur, ont désiré le voir et ne l’ont point vu ; ou, s’ils l’ont vu, ils ne l’ont vu qu’en esprit et dans l’avenir ; mais ils n’ont pu le voir présent sous leurs yeux. Or, le Seigneur, en parlant d’eux, disait à ses disciples : « Beaucoup de prophètes et de justes ont voulu voir ce que vous voyez, et ne l’ont point vu, et entendre ce que vous

  1. Dans l’édition Léopoldine et les lectionnaires, on lit cet exorde : « C’est aujourd’hui, mes frères, la fête de la naissance de saint Jean-Baptiste, précurseur de Notre-Seigneur. Que devons nous admirer tout d’abord, mes frères, ou la naissance du Sauveur, a ou la naissance du précurseur ? Jean avait une mère stérile qui ne a connaissait point l’enfantement ».
  2. Cet exorde fait croire que le saint docteur ne prêchait point dans son église.