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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/711

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d’une terre qui n’est pas la tienne ? Apprends, apprends à partager la foi de l’univers, et nulle part tu ne seras forcé d’errer comme en pays étranger. Sois l’ami de toute la terre, entre en participation de l’unité, deviens membre de cette Église qui règne partout, et, en aucun lieu, tu ne seras hors de ta patrie, parce que toutes les contrées de la terre seront pour toi le pays natal. Courbe tes épaules sous le joug céleste, et alors tu verras que tu es dans l’unité, suivant cette parole de l’Écriture : « Que tous invoquent le nom de Jéhovah et lui obéissent sous le même joug ; des confins des fleuves, l’Éthiopie offrira à Dieu ses présents[1] ». Tu portes un autre joug, et un autre hérétique en porte un qui lui est particulier ; mais, dans toutes les parties du monde, le catholique est soumis à un seul Dieu, et porte le même joug ; par conséquent, il ne saurait s’égarer. Mais, mes frères, pourquoi vous fatiguer si longtemps à vous démontrer une vérité parfaitement évidente ? C’est inutilement qu’on ose célébrer cette solennité, si l’on ne veut point partager la foi que professe le monde entier.

TRENTE-NEUVIÈME SERMON.
POUR L’ÉPIPHANIE DU SAUVEUR. 4

ANALYSE. —1. Les Mages amenés aux pieds du Christ par une étoile nouvelle. —2. Le Christ n’est pas né sur l’ordre d’une étoile. —3. Les petits innocents, pierres précieuses incrustées dans la couronne du Christ ; c’est de l’or, et leurs mères sont les mines du sein desquelles on l’a tiré.

1. Une couronne a brillé aujourd’hui aux yeux du monde, car une étoile, qui la précédait, en a révélé la richesse ; et le précieux martyre des innocents est venu y attacher comme des pierres précieuses. Quand, de l’intérieur de son palais, un roi de la terre s’avance au milieu de la foule réunie pour l’acclamer, et qu’il étale aux yeux de tous les richesses de son diadème, quels cris d’admiration, au milieu des pierres éblouissantes qui en font l’ornement ! De quel éclat a paru environnée la couronne aujourd’hui exposée aux regards du monde, puisqu’elle est l’emblème d’une puissance qui s’exerce tout à la fois sur la terre et dans les cieux ! Les cieux l’ont aperçue ; aussi les Anges de Dieu sont-ils descendus ici-bas, afin de l’admirer. Ses rayons ont pénétré dans le chœur des étoiles ; ils ont porté le trouble dans leurs rangs, et, dans la vivacité de leur joie, elles se sont hâtées de lui obéir. Voici donc notre rédemption, puisqu’apparaît une étoile splendide, l’étoile du matin ; elle est splendide, à cause de l’Épiphanie, qui se manifeste aux Gentils ; c’est l’étoile du matin, car, en sortant du tombeau, à l’heure de l’aurore, le Christ a vidé les enfers ; dès le matin, il a fait sortir de leur sépulcre les corps des morts, après les avoir enveloppés de l’éclat de son aurore naissante, comme d’un manteau de pourpre. Les Mages ont vu cette couronne qui projetait dans le monde ses rayons brillants ; ils se sont bâtés de venir de l’Orient et de marcher à la suite de l’étoile. Le ciel s’étonna à la vue de cet astre extraordinaire, les légions des corps célestes le contemplèrent avec stupéfaction ; car, s’il était nouveau, il annonçait aussi un enfantement non moins nouveau. Cette étoile n’était point du nombre des autres étoiles : elle ne s’était levée que pour un

  1. Sop. 3, 9,10