Aller au contenu

Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/736

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
CINQUANTE-TROISIÈME SERMON.
POUR LA VEILLE DE PÂQUES.

ANALYSE. —1. Il faut célébrer solennellement la veille de Pâques. —2. Pourquoi doit-elle être pour nous un jour d’allégresse. —3. Passons avec le Christ, pour être sauvés.

1. Avec l’aide miséricordieuse de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, nous devons, frères bien-aimés, célébrer religieusement ce jour qui lui est solennellement consacré : qu’en cette fête, sa bonté ineffable à notre égard soit, pour nous, un sujet d’admiration ! En effet, il ne s’est point contenté de subir toutes sortes d’infirmités pour opérer l’œuvre de notre rédemption, il a voulu encore partager le culte que nous rendons à Dieu en différentes solennités, et faire de chacune d’elles une occasion précieuse de mériter l’éternel bonheur ; car, alors, notre sainte religion nous invite, par ses attraits, à sortir du long sommeil de notre inertie ; aussi, pour nous préparer à la célébration de ces grands jours, nous éveillons-nous, non point malgré nous, mais avec empressement et de bon cœur. Puisque nous avons entendu volontiers son appel, sortons donc de notre léthargie, passons, dans les élans de la joie, cette sainte nuit de Pâques, et célébrons cette grande solennité avec toute la dévotion dont notre âme est capable. Élevons-nous au-dessus de ce monde, pour échapper à la mort qui doit le ravager : par nos désirs, faisons descendre du ciel les rayons brillants de sa divinité, célébrons la Pâque, « non avec le vieux levain, ni avec le levain de la malice et de l’iniquité, mais avec les, azymes de la sincérité et de la vérité[1] », c’est-à-dire, non dans l’amertume de la malice humaine, car tout ce qui ne vient que de l’homme n’est pas sincère ; mais dans la sincérité de la sainteté qui vient de Dieu. La sainteté qui vient de Dieu consiste dans la chasteté, l’humilité, la bonté, la miséricorde, l’humanité, la justice, la douceur, la patience, la vérité, la paix, la bénignité : tel est l’ensemble de la sainteté chrétienne, que corrompt le levain de la malice humaine ; or, ce levain n’est autre que l’impudicité, l’orgueil, l’envie, l’iniquité, l’avarice, l’intempérance, le mensonge, la discorde, la haine, la vaine gloire, toutes choses auxquelles l’apôtre saint Paul veut que nous restions étrangers ; car il nous dit : « Non avec le vieux levain de la malice ».

2. Que la Pâque du Christ devienne le sujet de notre joie ! C’est pour nous, en effet, qu’il naît, qu’il meurt dans les souffrances et qu’il ressuscite ; c’est afin que, par lui, nous renaissions à la vie au milieu des tribulations, et qu’avec lui nous ressuscitions dans la pratique de la vertu. N’a-t-il pas, dans cette nuit, opéré la restauration de toutes choses ? Il y est ressuscité en qualité de prémices, afin que nous ressuscitions tous après lui : il y brise les chaînes de notre esclavage, il nous rend la vie que nous avons perdue en Adam. Celui qui nous a formés à l’origine des temps, revient, après son voyage sur cette terre, à sa patrie, au paradis, de la porte duquel il a écarté le chérubin. À partir de cette nuit où s’est opérée la résurrection du Seigneur, le paradis est ouvert. Il n’est fermé que pour ceux qui se le ferment, mais il n’est ouvert que par la puissance du Christ. Qu’il revienne donc au ciel, et nous devons le croire ; qu’il revienne au ciel Celui qui ne l’a jamais quitté ! Qu’il monte à côté du Père, Celui qui y est toujours resté. De fait, ne croyons-nous pas que la vie est morte pour nous ? Et comment la vie est-elle morte ? Nous croyons que le Christ, qui est mort, qui a été enseveli, qui est ressuscité et monté au ciel, n’a jamais, pour cela, quitté le Père et le Saint-Esprit.

3. Phase ou Pâque signifie : passage ou traversée. Consacrons-nous nous-mêmes en

  1. 1Co. 5, 8