Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/128

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cieux[1]. Et moi je te dis que tu es Pierre[2], et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle[3]. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans les cieux[4]. En même temps, il défendit à ses

  1. C’est de cette parole du Sauveur que vient l’usage de nommer le successeur de S. Pierre, le chef de l’Église, Bienheureux Père, Beatissime Pater, d’où s’est formée cette autre dénomination, Saint-Père. Allioli. — La chair et le sang, l’homme selon la nature, l’homme seulement animal et raisonnable.
  2. C.-à-d. rocher, un homme-rocher. Telle est, par rapport à l’édifice extérieur de l’Église, la signification précise du nom de Pierre (syro-chald. Cèphas), que le Sauveur avait donné à Simon, fils de Jean (Jean, xxi, 16), lors de sa vocation à l’apostolat (Jean, i, 42.) — Les portes, c’est-à-dire le palais, le royaume, et par conséquent la puissance ; nous disons de même : La Porte Ottomane, pour l’Empire ottoman.
  3. L’intention qu’avait Notre-Seigneur de fonder une Église n’est pas exposée dans l’histoire de l’Évangile comme un fait isolé et fortuit ; si elle se révèle avec plus d’éclat dans certaines paroles et certaines actions, elle apparaît partout comme la pensée fondamentale de toute son activité terrestre. Le premier appel qu’il adresse aux hommes est une annonce de cette communauté terréno-céleste : « Faites pénitence, car le royaume de Dieu est proche (iv, 17). » En attachant les Apôtres à sa personne, en les rendant témoins de ses actions, auditeurs assidus de tous ses discours, et en leur expliquant les choses du nouveau règne de Dieu par les paraboles les plus variées, il eut pour but d’en faire des instruments solides de son œuvre. Cette œuvre, il la leur explique ici pour la première fois en paroles claires, et les munit de pleins pouvoirs pour y coopérer (comp. xviii, 14-15). Déjà il avait, en quelque sorte, mis à l’essai ces pêcheurs d’hommes (x, 5, sv.), et avant de les quitter, après leur avoir promis l’assistance de l’Esprit-Saint, qui les instruirait, les dirigerait, les soutiendrait à sa place (Jean, xiv, 16, sv.), il les investira de leur mission par ces paroles solennelles : « Toute puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre ; allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et apprenez-leur à garder tous mes commandements (xxviii, 18-20). » Drey.
  4. Les clefs sont, dans la Bible, le symbole de l’autorité du gouvernement (Is., xxii, 22 ; Apoc., iii, 7). C’est comme si Notre-Seigneur disait à Pierre : Je te donnerai, comme à mon représentant, la direction et le gouvernement su-