Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/129

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disciples de dire à personne qu’il était Jésus le Christ[1].

21 Jésus commença dès lors à découvrir à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, qu’il y souffrît beaucoup de la part des Anciens, des Scribes et des Princes des Prêtres, qu’il fût mis à mort et qu’il ressuscitât le troisième jour. Pierre, le prenant à part, commença à le reprendre, en disant : À Dieu ne plaise, Seigneur ! cela ne vous arrivera point[2]. Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre : Retire-toi de

    prêmes de mon royaume, c’est-à-dire, d’après le contexte, de mon Église. Cette autorité, qui n’est ici que promise à l’Apôtre, Jésus la lui transmit réellement après sa résurrection par l’ordre trois fois répété : Pais mes agneaux, pais mes brebis. (Jean, xxi, 15.) Tout est soumis à ces clefs, dit Bossuet, rois et peuples, pasteurs et troupeaux. — Que le pouvoir de saint Pierre dût passer à ses légitimes successeurs, c’est une chose claire par elle-même, et que les successeurs légitimes de saint Pierre soient les évêques de Rome, c’est un fait historique constant. « Nous définissons, dit le concile œcuménique de Florence, que le Saint-Siége apostolique, le Pape de Rome, a la primauté spirituelle sur le monde entier, et qu’il est l’héritier du siége de l’apôtre Pierre, le véritable représentant de Jésus-Christ, le Chef de l’Église universelle, le Père et le Docteur de tous les chrétiens, et que plein pouvoir lui a été donné par Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans la personne de saint Pierre, de paître, de gouverner et de conduire l’Église catholique de la manière qu’il est prescrit dans les actes de l’Église universelle et dans les décrets de ses canons. » Allioli.

  1. Quoique la Judée fût paisible à l’époque de Notre-Seigneur, les Juifs détestaient l’étranger ; et, pour s’en affranchir un jour, comptaient sur le Messie ; ils étaient prêts, comme on ne tarda pas à le voir, à saluer de ce titre sacré le premier qui en voudrait user pour relever leur nationalité. Voilà pourquoi, tandis que Jésus se proclame le Fils de Dieu dans Jérusalem, devant les Scribes et les Pharisiens, qui ne savent que lui contredire (Jean, v, 17, sv.), il évite de se manifester de la même sorte parmi les populations de la Galilée, qui se soulèveraient à la nouvelle que le Christ est venu, et que S. Jean (vi, 15) nous montre, frappées de ses miracles, accourant pour le prendre et le faire roi. Wallon.
  2. S. Pierre ne pouvait concilier les souffrances du Seigneur avec sa divinité, et encore bien moins avec l’amour qu’il portait à son divin Maître. Allioli.