Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

romain Éthiopiens. On sait que ces noms géographiques, le dernier surtout, n’avaient pas chez les anciens une signification bien précise ; saint Matthieu a pu d’ailleurs et dû évangéliser plusieurs contrées. Les uns disent qu’il fut brûlé, d’autres qu’il fut égorgé à l’autel, au moment où il célébrait nos saints mystères.

« Que saint Matthieu, dit le Dr Reithmayr, ait composé la première relation évangélique, c’est ce qu’atteste une tradition unanime dès le temps des Apôtres. Nous en avons pour premier garant Papias d’Hiérapolis, qui visita tant de contrées[1] ; ensuite, saint Irénée, qui connaît si bien la tradition apostolique[2] ; puis, dans le patriarchat d’Alexandrie, Clément d’Alexandrie, si plein d’érudition ecclésiastique[3] ; enfin, dans la même période, Tertullien, chez les Latins[4]. Il est inutile de citer ici les témoignages du iiie et du ive siècle ; l’unanimité à cet égard a toujours existé dans l’Église. À côté de ces témoignages exprès, on peut citer encore d’autres faits qui prouvent l’ancienneté et l’autorité de cet Évangile. Les nombreux extraits des Mémoires des Apôtres que nous trouvons

  1. Eusèb., Hist. Eccl., III, 39. — Ce témoignage est du plus grand poids. Papias, né dans le premier siècle, et, au commencement du second, évêque d’Hiérapolis en Phrygie, avait visité beaucoup d’églises et interrogé plusieurs disciples des Apôtres, pour réunir les traditions orales relatives à la vie et aux paroles du Sauveur. Malheureusement l’ouvrage, fruit de ses recherches, est aujourd’hui perdu, sauf quelques fragments conservés par Eusèbe. S. Irénée et S. Jérôme appellent Papias disciple de S. Jean, et plusieurs savants pensent, quoique la question ne soit pas résolue, que le prêtre Jean, d’Éphèse, dont il rapporte les dires touchant les écrits de S. Matthieu et de S. Marc, n’est autre que l’apôtre de ce nom.
  2. Adv. hær., iii, i, 1. — S. Irénée, évêque de Lyon, de 177 à 202, était un disciple de S. Polycarpe, disciple lui-même de l’apôtre S. Jean.
  3. Strom., i, 21.
  4. De carne Christi, xxiii ; Contra Marc., iv, 2, 5.