Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/139

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tué au delà du Jourdain[1]. Et une grande multitude le suivit, et il les guérit[2]. Alors les Pharisiens s’approchèrent de lui pour le tenter, et ils lui dirent : Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour quelque cause que ce soit[3] ? Il leur répondit : N’avez-vous pas lu que celui qui créa l’homme au commencement, le fit mâle et femelle[4], et qu’il dit : « À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils seront deux dans une seule chair[5]. » Ainsi ils ne seront plus deux, mais une seule chair. Ce que Dieu donc a uni, que l’homme ne le sépare point[6]. Ils lui dirent : Pourquoi donc Moïse a-t-il réglé qu’on la renvoyât en lui donnant un acte de répudiation ? Il leur répondit : C’est à cause de la dureté de vos cœurs que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes : au commencement, il n’en fut pas ainsi. Mais je vous le dis, quiconque renvoie sa femme, hors le cas d’adultère, et en épouse une autre, commet un adul-

  1. Par la Pérée ; la Judée ne s’étendait pas au delà du Jourdain : comp. Marc, x, 1. La route la plus ordinaire pour aller de la Galilée à Jérusalem était de passer par la Samarie (Luc, xvii, 11). Mais souvent aussi, pour éviter les dangers qu’un Juif pouvait courir dans le pays des Samaritains, on prenait plus à l’est, par la Pérée.
  2. C’est-à-dire, il guérit tous les malades qu’on lui présenta.
  3. L’obscurité d’un passage de la Loi (Deutér., xxiv, 1) avait donné naissance à deux opinions très-diverses sur le divorce. Rab. Schammaï et son école pensaient qu’il n’était permis que dans le cas d’adultère ou pour une autre cause de la plus haute importance ; au contraire, Hillel et son école soutenaient qu’il était permis dans tous les cas où la femme donnait à son mari quelque sujet de mécontentement. Ces deux rabbins célèbres vivaient quelques années seulement avant Notre-Seigneur.
  4. L’homme, c’est à-dire la créature humaine, ce qu’il faut entendre, non d’un individu, mais de l’espèce. Dieu le fit de manière qu’il y eût deux sexes et une personne de chaque sexe.
  5. Gen., ii, 24.
  6. Ainsi N.-S. ramène le mariage à son institution primitive.