Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/176

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nierai point. Et tous les autres disciples dirent de même.

36 Alors Jésus vint avec eux en un lieu appelé Gethsémani[1], et dit à ses disciples : Demeurez ici pendant que j’irai là pour prier. Et ayant pris avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à être triste et affligé. Alors il leur dit : Mon âme est triste jusqu’à la mort ; demeurez ici et veillez avec moi[2]. Et, s’étant un peu avancé, il se prosterna la face contre terre, priant et disant : Mon Père, s’il est possible, que ce calice passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme vous voulez. Il vint ensuite à ses disciples, et les trouvant endormis, il dit à Pierre : Ainsi vous n’avez pu veiller une heure avec moi ! Veillez et priez, afin que vous n’entriez point en tentation[3] ; l’esprit est prompt, mais la chair est faible. Il s’en alla une seconde fois, et pria, disant : Mon Père, si ce calice ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté se fasse. Étant venu de nouveau, il les trouva encore endormis, car leurs yeux étaient appesantis. Il les laissa, et s’en alla prier pour la troisième fois, disant les mêmes paroles. Puis il revint à ses

  1. Voyez Marc, xiv, 32.
  2. Le Fils de Dieu ayant uni la nature humaine à sa nature divine, était accessible aux sentiments humains de tristesse et de douleur. Toutefois, comme le remarque saint Augustin, ce n’est pas qu’il y fût obligé, mais c’est qu’il le voulut ; car, de même qu’il n’a pris la nature humaine en général que par un acte de sa liberté divine, de même aussi tout ce qu’il souffrit en tant qu’homme a été absolument libre. Voyant donc sa passion approcher, il la commence par cette immense tristesse : toutes les puissances de son humanité s’effrayent à la vue de l’œuvre qu’il va accomplir, et sa volonté humaine fait même entendre le vœu que le calice de sa passion, en tant que cela pouvait être la volonté de Dieu, lui soit épargné.
  3. Celle qui est exprimée au vers. 31.