Aller au contenu

Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

7 Il disait à ceux qui accouraient en foule pour être baptisés par lui : Race de vipères, qui vous a montré à fuir devant la colère qui vient ? Faites donc de dignes fruits de pénitence, et ne vous mettez pas à dire : Abraham est notre père ; car je vous dis que de ces pierres mêmes Dieu peut susciter des enfants à Abraham. Déjà la cognée est à la racine de l’arbre. Tout arbre donc qui ne porte pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu[1]. Et le peuple lui demandait : Que ferons-nous donc ? Il leur répondit : Que celui qui a deux tuniques en donne une à celui qui n’en a point, et que celui qui a de quoi manger fasse de même. Il vint aussi des publicains pour être baptisés, et ils lui dirent : Maître, que ferons-nous ? Il leur dit : N’exigez rien au-delà de ce que prescrit la loi. Et des soldats aussi vinrent l’interroger, disant : Et nous, que ferons-nous ? Il leur répondit : Abstenez-vous de

    vous redresser, non-seulement une main ferme, mais encore rude d’abord : à mesure qu’elle avancera son ouvrage, son effort deviendra plus doux ; et à la fin tout étant aplani, le rabot coulera comme de lui-même, et n’aura plus qu’à ôter de légères inégalités, que vous-même vous serez ravi de voir disparaître, afin de demeurer tout uni sous la main de Dieu, et d’occuper la place qu’il vous donne dans son édifice. Les grands combats sont au commencement ; la douce inspiration de la charité vous aplanira toutes choses, et c’est alors que vous verrez le salut donné de Dieu. » Bossuet.

  1. O pécheur, ne trembles-tu pas sous cette main terrible de Dieu, qui non-seulement est levée, mais déjà appesantie sur ta tête ? La cognée est déjà mise à la racine de l’arbre. Elle ne s’approche pas pour ébranler l’arbre, ou pour en faire tomber les fruits ni les feuilles ; plaisirs, richesses, les biens de la fortune, biens externes qui ne tiennent pas à notre personne : il ne faut pas un si grand effort, il ne faut pas toucher la racine, il ne faut que secouer l’arbre. Elle n’en veut pas même aux branches, à la santé, à la vie du corps : elle le fait quelquefois, mais ce n’est pas là maintenant où elle touche : elle est à la racine. Il n’y a plus rien entre deux, et après ce dernier coup, qui nous menace à toute heure, il n’y a plus que le feu pour nous, et encore un feu éternel. » Bossuet.