Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/395

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fit son disciple, jusqu’au jour où son maître lui montra l’Agneau de Dieu. Jean suivit Jésus ; mais il ne testa avec lui que ce jour-là, à partir de la dixième heure[1]. Cependant cette première impression suffit, et lorsque plus tard le Seigneur l’appela définitivement aux sublimes fonctions de pêcheur d’hommes, il fut prêt à quitter aussitôt ses filets et son père[2]. Sans doute sa pieuse mère Salomé lui avait inspiré un désir ardent de voir le Messie, que toute la nation attendait alors. À peine ce désir fut-il satisfait, que Jean fut saisi d’enthousiasme pour son Maître et ne vécut plus que pour sa gloire. Dés l’origine, il occupe une place éminente dans le collège des apôtres, où, avec saint Pierre et saint Jacques, il forme le cercle privilégié des disciples intimes[3]. Aussi s’appelle-t-il lui-même le disciple que Jésus aimait[4], et nous le voyons, dans la dernière cène, couché sur le sein de Jésus[5], occuper une place que les anciens ne donnaient qu’aux personnes les plus chères. Avide convive, dit saint Augustin, auquel il ne suffisait pas de manger des mets de la table du Seigneur, s’il ne pouvait encore, hôte sacré de sa poitrine, y boire comme à leur source les secrets de la divinité[6]. » Saint Jean répondit à ces faveurs par le plus tendre dévouement ; au temps de la passion, tandis que les autres fuyaient et se cachaient, il n’abandonna pas les traces de son Maître, et se tint même au pied de la croix, du haut de laquelle Jésus mourant le jugea digne de lui donner sa mère virginale. Après la des-

  1. Jean, ii, 40-41.
  2. Matth. iv, 22.
  3. Luc, viii, 51 ; ix, 28 ; Matth. xxvi, 37.
  4. Jean, xiii, 23 ; xix, 26 ; xxi, 7-20).
  5. Voyez Jean, xiii, 23, note.
  6. In Ps. cxliv.