Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/497

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tenant que le Prince de ce monde sera jeté dehors[1]. Et moi, quand je serai élevé de terre, j’attirerai tout à moi[2]. (Ce qu’il disait, pour marquer de quelle mort

  1. Satan. La seconde proposition explique la première. Pour l’intelligence de ce verset, il faut se rappeler dans quel rapport Satan se trouvait, depuis la chute de nos premiers parents, avec le genre humain et le monde physique. Le premier homme ayant perdu par le péché la royauté qu’il avait reçue de Dieu à l’origine sur le monde physique, Satan, avec la permission de Dieu, s’empara de cette royauté, et devint, à la place de l’homme, le prince de ce monde. Ce tyran tenait sous sa domination, non-seulement l’homme, le portant au mal, lui nuisant de mille manières par le moyen des créatures, le tourmentant par la crainte de la mort (Hébr. ii, 15) ; mais encore la créature non raisonnable, détournée par lui de sa fin, qui était de glorifier Dieu par le service de l’homme : elle aussi, dit saint Paul (Rom. viii, 19 sv.), soupirait après un libérateur. Cette rédemption ou délivrance fut accomplie objectivement par Jésus-Christ lorsque, par un acte suprême d’obéissance, sa mort sur la croix, satisfaisant pour la désobéissance de l’homme, il effaça la faute du genre humain, qu’il arracha ainsi à l’empire de Satan. Elle s’accomplit subjectivement tous les jours dans l’Église, où chaque fidèle est rendu par l’Esprit-Saint participant de la rédemption objective, de telle sorte que le démon n’ait plus sur lui aucune puissance. Enfin, la rédemption de la créature non raisonnable, commencée par les miracles de Jésus-Christ et les divines bénédictions émanées de lui, se continue au sein de l’Église dans les exorcismes et les bénédictions qui se font sur les divers objets du monde physique, dans l’or et l’argent qui reçoivent le corps et le sang du Sauveur, dans les pierres de nos temples sanctifiées par sa présence, et surtout dans la matière des sacrements, l’eau, l’huile, le froment et le vin, dont les subtils atomes, fécondés par la vertu mystérieuse de l’Esprit-Saint, nous apportent, non les principes de la vie matérielle, mais ceux de la vie surnaturelle et divine, et après avoir déposé dans l’âme la grâce, semence de la gloire, se confondent de nouveau avec la masse commune de l’univers, jusqu’au jour où, le nombre des élus étant complet, et l’humanité ayant reçu sa pleine rédemption en Jésus-Christ, non — seulement quant à l’âme, mais aussi quant au corps, la créature non raisonnable tout entière participera à cette délivrance : il y aura, dit saint Jean, un ciel nouveau et une terre nouvelle.
  2. Élevé sur l’arbre de la croix. — Tout, Juifs et Gentils. « Je tirerai, j’entraînerai : considérez avec quelle douceur, mais ensemble avec quelle force se fait cette opération. Il nous tire par la manifestation de la vérité. Il nous tire par le charme d’un plaisir céleste, par ces douceurs cachées que personne ne sait que ceux qui les ont expérimentées. Il nous tire par notre propre volonté, qu’il opère si doucement en nous-mêmes qu’on le suit sans s’aperce-