Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/57

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qu’ils vinssent ensemble, qu’elle avait conçu par l’opération du Saint-Esprit. Joseph, son mari, qui était un homme juste, ne voulant pas la diffamer, résolut de la renvoyer secrètement. Comme il était dans cette pensée, voici qu’un ange du Seigneur lui apparut en songe[1], et lui dit : Joseph, fils de David[2], ne craignez point de prendre avec vous Marie votre épouse, car ce qui est formé en elle est l’ouvrage du Saint-Esprit. Et elle enfantera un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus[3] ; car il sauvera son peuple de ses péchés. Or tout cela se fit afin que fût accompli ce qu’avait dit le Seigneur par le Prophète : « La Vierge concevra et enfantera un fils ; et on le nommera Emmanuel[4], » c’est-à-dire Dieu avec nous. Réveillé de son sommeil, Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait commandé et prit Marie son épouse. Mais il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle enfantât son Fils premier-né[5], et il lui donna le nom de Jésus.

  1. Pourquoi Marie elle-même, prévenant l’ange, n’expliqua-t-elle pas ce mystère à S. Joseph ? — Après qu’elle a dit : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole, » (Luc, i, 38), elle abandonne tout à Dieu et demeure dans sa paix. Bossuet.
  2. Ce n’est pas sans raison que l’ange rappelle ici à Joseph la noblesse de son origine, en nommant David, dont le Messie devait naître et dont il savait que Marie était la fille. Ce glorieux souvenir, dit S. Jean Chrysostome, le prépare au grand mystère qui va lui être révélé.
  3. « Pourquoi vous ? Vous n’en êtes pas le père ; il n’a pas de père que Dieu ; mais Dieu vous a transmis ses droits ; vous tiendrez lieu de père à J.-C. » Bossuet. — Jésus, c’est-à-dire Sauveur. Ce nom n’était pas rare parmi les Juifs ; mais ici, il est choisi par le Ciel même comme le nom significatif du Fils de Dieu fait homme pour nous racheter.
  4. Isaïe, vii, 14. Le nom d’Emmanuel exprime clairement la double nature de J.-C, Dieu et homme tout ensemble.
  5. Jusqu’à ce que n’indique pas qu’il en fut autrement plus tard ; car on sait que, dans la langue biblique, ces mots, précédés d’une négation, nient la chose dans le passé d’une manière absolue, sans l’affirmer pour l’avenir. (Gen., viii, 7 al.). Le mot premier-né ne suppose pas non plus que d’autres enfants sont nés ou naitront plus tard ; il signifie simplement fils unique (Jos., xvii, 1).