Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/582

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royaume de Dieu a pour synonyme royaume du Christ, royaume des cieux, ou simplement royaume, expressions qui désignent toutes 1° le royaume du Messie (Matth. xii, 28 ; Luc xvii, 16 ; xvi, 20 al.) annoncé et décrit par les anciens prophètes. Ce royaume, dit Daniel (chap. vii), l’Ancien des jours (l’Eternel) l’a donné au Fils de l’homme (au Messie) ; il durera éternellement ; son but est le salut de l’humanité, la formation des élus : ce sera le royaume des saints ; et quand le nombre des élus sera consommé, que le Prince du monde sera pleinement vaincu, le Christ livrera à son Père, sans cesser de régner sur lui, ce royaume pacifié, sa glorieuse conquête (I Cor. xv, 23, 24). 2° Le véritable royaume du Messie, c’est son Église, fondée par lui pendant qu’il vivait sur la terre (Matth. xvi, 19 ; xiii, 31, 33, 47) ; cette Église est son corps mystique (Ephés. iv) ; il continue d’y vivre, et de sanctifier en elle et par elle toutes les générations ; il lui a donné des lois, une organisation déterminée ; elle forme une société visible et extérieure (Matth. xvi, 18 ; Jean xx, 23 ; Marc xvi, 15, 16 ; Luc, x, 16), par conséquent un royaume. Dans un sens large, ceux-là appartiennent à l’Église (visible), qui ont la vraie foi en Jésus-Christ, quand même leurs sentiments et leurs œuvres ne seraient point en harmonie avec leur croyance (Matth. xiii, 4 sv. ; 24 sv. ; 47 sv. ; xxv, 1 sv. ; 14 sv.). Mais ceux-là seulement participent au bienfait de la rédemption, qui reçoivent la grâce à laquelle ils sont appelés, c’est-à-dire qui ne sont pas seulement appelés, mais encore justifiés, et ainsi rendus dignes d’être glorifiés (Rom. viii, 28 av. ; Ephés. i, 4 sv.) : en sorte que, dans un sens plus élevé et moins large, il n’y a que les hommes justifiés et sanctifiés en Jésus-Christ qui appartiennent en réalité à son royaume. 3° De là cette autre notion du royaume de Dieu, envisagé comme la grâce même de Notre-Seigneur opérant dans les justes, comme la vérité et la justice qui sont venues avec lui du ciel (Jean, i, 14). C’est ainsi qu’il faut entendre les passages de l’Évangile où N.-S. nous enseigne à prier pour que son règne arrive (Matth. vi, 10) ; où il nous recommande de chercher avant tout le royaume de Dieu et sa justice (ibid. vi, 33) ; où il dit : « Si je chasse les démons par l’Esprit de Dieu, le royaume de Dieu est donc venu à vous (Matth. xii, 28) ; « où, aux Pharisiens qui lui demandent quand viendra le royaume de Dieu, il répond : « Le royaume de Dieu ne viendra point d’une manière qui frappe les regards ; on ne dira point : Il est ici, ou il est là. Car le royaume de Dieu est au milieu de vous (Luc xvii, 20, 21) ; » où il compare le royaume de Dieu à un levain (Matth. xiii, 33) ; où il adresse aux Juifs endurcis la menace que le royaume des cieux leur sera retiré, pour être donné à ceux qui en produiront les fruits (Matth. xxi, 43), c’est-à-dire qui coopéreront à la grâce. 4° Enfin le royaume de Dieu consommé et sous sa forme la plus parfaite, c’est le ciel (Église triomphante), (Matth. xiii, 43 ; Marc, ix, 46 : comp. 42 et 44 ; Luc, xiii, 29 ; xxiii, 42). — Nous n’avons pas besoin de faire observer que, dans la bouche des Juifs ou des Apôtres non éclairés par l’Esprit-Saint, ces mêmes locutions, royaume de Dieu, ou des cieux, ne sont pas autre chose que l’expression des idées plus ou moins