Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/585

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qui, dit-on, vont bientôt s’éteindre.

Sanhédrin ou Grand-Conseil. — A dater du temps des Asmonéens (iie siècle avant Jésus-Christ), on trouve dans l’histoire juive un tribunal supérieur ou haute cour de la nation, appelé des divers noms de Sénat, Conseil, Grand Conseil et Sanhédrin (du grec συνέδριον, assemblée). Il était composé de soixante-onze membres, y compris le président, qui portait le titre de Nasi (prince), et le grand pontife, appelé Ab Beth-din (Père du tribunal). Ces soixante-onze membres formaient trois chambres : celle des Princes des Prêtres, nommés aussi Grands-Prêtres ou Archiprêtres ; celle des Scribes ou Docteurs de la Loi, et celle des Anciens, Princes ou Principaux du peuple. Comme le nombre des membres de chaque chambre n’était pas fixé d’une manière invariable, il arrivait souvent que le collège des prêtres formait la majorité. Le Sanhédrin exerçait l’autorité doctrinale, judiciaire et administrative, dans les cas les plus graves ; voici comment la Mischna, traité Sanhédrin, décrit ses attributions : « Le jugement des soixante-onze est convoqué quand l’affaire concerne toute une tribu, ou un faux prophète, ou le grand-prêtre ; quand il s’agit de savoir si l’on doit commencer la guerre, si l’on doit agrandir Jérusalem, ou y faire des changements essentiels ; lorsqu’il faut instituer les tribunaux de vingt-trois membres dans les provinces, ou qu’il s’agit de déclarer une ville impie ou de la placer sous l’interdit. » Les séances se tenaient dans une salle près du temple, nommée Gazith. Les siéges, dit Selden, étaient disposés en demi-cercle ; le Nasi était assis au milieu, ayant à sa droite le Père du Sanhédrin, on le grand prêtre ; puis tous les autres membres venaient de chaque côté, le visage tourné vers le sanctuaire, afin de ne jamais oublier les règles de la justice ; à chacune des deux extrémités de l’hémicycle était placé un secrétaire. — Nous allons dire quelques mots de chacune des trois chambres ou collèges qui temps de Notre-Seigneur, en prenant pour guides le Dr Sepp et le P. Patrizzi.

I. Collége des Princes des Prêtres. Il était présidé par Joseph Caïphe, qui avait été nommé pontife peu de temps avant l’arrivée de Pilate. Après lui venait, comme sagan du sacerdoce (coadjuteur du grand prêtre), le vieil Ananus ou Anne, qui déjà, vingt-deux ans auparavant, avait occupé pendant huit ans le siége d’Aaron ; puis une dizaine d’ex-pontifes, ou de grands-prêtres destitués : Ismaël Phabi, Eléazar, fils d’Anne, et ses quatre frères ; Simon Camithi, un autre Eléazar, Joazar, et Simon, surnommé Canthéra, tous trois fils de Beéthus, lequel avait été élevé au souverain pontificat par Hérode, épris d’amour pour sa petite-fille Mariamne ; Ananias, Sadducéen furieux, comme Anne et ses fils, qui plus tard persécuta saint Paul et périt misérablement dans la guerre des Juifs.

Le souverain sacerdoce, qui créait autrefois un lien indissoluble entre le peuple et le pontife, représentant visible de Dieu, était devenu l’objet d’un véritable trafic entre les mains des procurateurs qui se succédaient dans le gouvernement de la Palestine. Aussi quelques-uns regardent-ils comme une ironie amère cette réflexion de saint Jean, que Caïphe était grand prêtre cette année-là. Outre ces