Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/71

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4 Bienheureux ceux qui sont doux[1], car ils posséderont la terre[2].

5 Bienheureux ceux qui pleurent[3], car ils seront consolés.

6 Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice[4], car ils seront rassasiés.

7 Bienheureux ceux qui font miséricorde, car ils obtiendront eux-mêmes miséricorde.

8 Bienheureux ceux qui ont le cœur pur[5], car ils verront Dieu.

9 Bienheureux les pacifiques[6], car ils seront appelés enfants de Dieu.

10 Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour

  1. Sans aigreur, sans prendre avantage sur personne, n’opposant point la violence à la violence, aimant mieux souffrir et se taire, que de faire triompher leur droit par la dispute et le combat. — Dans le grec, la seconde béatitude est mise à la place de la troisième, et réciproquement.
  2. La terre des vivants, le ciel.
  3. Soit qu’ils pleurent leurs misères, soit qu’ils pleurent leurs péchés, ou même les misères et les péchés d’autrui. Comp. Luc, xvi, 25 ; Jean, xvi, 20.
  4. Les poëtes nous ont dépeint la passion de l’or sous l’image d’une soif exécrable, d’une faim importune : N.-S. se sert de la même figure pour recommander l’amour de la justice, c.-à-d., dit saint Jérôme, de la vertu, et du ciel qui en est la récompense. Comp. Jean, vii, 37. — « D’après saint Luc (vi, 21), le sens pourrait être encore : Heureux ceux qui ont faim et soif ici-bas à cause de la justice ; ils seront rassasiés d’une autre manière en ce monde et en l’autre. » Allioli.
  5. C.-à-d. ceux qui ont purifié leur cœur de tout attachement déréglé aux choses de la terre. Saint Augustin. Toutes les passions, l’orgueil, l’avarice, etc., troublent la pureté du cœur et l’empêchent d’aller à Dieu, de s’unir à lui par un commerce intime et familier ; mais comme ce désordre est surtout l’ouvrage de la luxure, la sixième béatitude s’entend ordinairement de la chasteté, quoiqu’elle ait un sens plus général.
  6. « Soyons vraiment pacifiques, ayons toujours des paroles de réconciliation et de paix pour adoucir l’amertume que nos frères témoigneront contre nous ou contre les autres, cherchant à adoucir les mauvais rapports, à prévenir les inimitiés, les froideurs, les indifférences, enfin à réconcilier ceux qui seront divisés. C’est faire l’œuvre de Dieu et se montrer ses enfants, en imitant sa bonté. » Bossuet.