lite de son sol, sa position centrale entre la Syrie, la Phénicie et la Palestine, sur la grande route qui conduit de Damas à Jérusalem, à la Méditerrannée et en Egypte, l’importance de son commerce, que démontre l’existence d’un groupe nombreux de collecteurs d’impôts, chargés de percevoir les droits d’entrée ou de transit, la présence d’un grand nombre de fermiers des douanes romaines, enfin les pêcheries du lac voisin contribuèrent à sa prospérité. Jésus s’arrêta souvent dans cette ville pendant sa carrière publique. Il s’y était fixé avec sa mère, en quittant Nazareth (Malth. iv, 13 ; Jean, 11, 12), et y demeura dans la maison de parents ou amis que l’Evangile ne nomme point : c’est pourquoi Capharnaiim est appelée sa ville. Il y enseignait tantôt dans la synagogue, tantôt au bord du lac, et il y opéra beaucoup de miracles. Le déclin de Capharnaüm suivit de près la mort de J.-C. (Matth. xi, 23 ; Luc, x, 15) ; sa ruine est si complète que les traces mêmes de son emplacement ont disparu. Les voyageurs et les archéologues croient le reconnaître dans le khan ou caravansérail à demi ruiné, appelé Minyeh, ou, ce qui paraît moins probable, dans les ruines nommées Tell-Hourn, à 3 kilomètres du Jourdain.
CÈNE PASCALE. — Les quatre Evangélistes racontent avec plus ou moins de détails la cène pascale que Jésus fit avec ses apôtres la veille de sa mort. Voyez S. Matthieu, xxvi. 20-29 ; S. Marc, xiv, 17 —25 ; S.Luc xxii, 14-30 ; S. Jean, xiii, 1-30. (Comp. I Cor. xi, 23 —25) On sait que ce fut dans cette dernière cène que le Sauveur institua l’Eucharistie. Les quatre récits, comme il arrive souvent dans les Evangiles, se complètent l’un l’autre, et pour savoir tout ce qui s’est passé dans ce moment solennel, il faut les comparer ensemble et les suppléer l’un par l’autre. Malheu reusement il est assez difficile d’assigner l’ordre dans lequel se sont succédé les divers faits et discours, et les interprètes sont fort partagés sur ce point. Avant d’exposer notre sentiment, nous décrirons brièvement les rites qu’observaient les Juifs dans la manducation de l’agneau pascal, et auxquels se conforma Notre-Seigneur, comme l’attestent les récits évangéliques.
La cène pascale commençait après le coucher du soleil qui mettait fin au 14 Nisan. Dans l’après-midi de ce 14 Nisan, on faisait immoler au temple un agneau ou un chevreau. Puis on le faisait rôtir et non bouillir, en prenant soin de ne briser aucun de ses os. Le soir venu, on se réunissait pour le festin, que l’on célébrait suivant un rituel déterminé. Les Talmuds nous ont laissé, à ce sujet, de nombreux détails : Dix personnes au moins, vingt au plus, devaient être à table ensemble. Les convives étaient étendus sur des lits peu élevés, ou divans, le bras gauche appuyé sur un coussin, de manière que la main droite restât toujours libre : depuis longtemps était tombée en désuétude la coutume de prendre le repas pascal debout, un bâton â la main, en tenue de voyageur, pour reproduire la scène du départ d’Egypte, la nuit de la délivrance (Exod. xii, 11). — Le père de famille commençait par annoncer l’ouverture de la fête pascale et par prendre une coupe pleine de vin, puis il prononçait la bénédiction en ces termes : 14 Ceci est le temps de notre délivrance, et nous rappelle la sortie d’Egypte. Béni soit le Seigneur, l’Eternel, qui a créé le fruit de la vigne ! " Ensuite il buvait du vin contenu dans la coupe, et la passait aux autres convives, qui en buvaient comme lui, chacun à son tour. Aussitôt après on faisait passer dans l’assemblée un bassin plein d’eau et une serviette pour que chacun se purifiât les mains. On apportait alors, ou bien on approchait des convives la table toute servie. Il y avait sur la table, à côté de l’agneau, des herbes amères, en souvenir des souffrances endurées autrefois en Egypte ; du pain azyme, sans saveur, comme celui que le levain n’eut pas le temps de faire fermenter lors de la fuite précipitée d’Israël ; une tasse de vinaigre ou d’eau salée, qui rappelait aux assistants les larmes versées par leurs pères ; enfin une espèce de brouet appelé charoseth, et composé de pommes, d’amandes, de figues, etc., cuites dans du vin. Le maître de la maison disait : " Béni soit le Seigneur, qui a créé les fruits de la terre ! " Puis, prenant des herbes amères il les levait en l’air en disant : Nous mangeons ces herbes amères parce que les Egyptiens ont rempli d’amertume la vie de nos pères. " Il trempait ensuite ces herbes dans le vinaigre, et en mangeait gros au moins comme une olive ; ce que les autres faisaient à leur tour. On retirait alors la table à quelque distance, et le père de famille, ou son fils aîné, faisait une lecture (p. ex. Deut. xxvi), ou une instruction sur la Pâque et la sortie d’Egypte. L’instruction finie, on rapprochait la table, on récitait la première partie du Hallel c’est-à-dire les Ps. cxiii et exiv ; puis on vidait la deuxième coupe, et on se lavait une seconde fois les mains. Alors commençait le repas proprement dit. Le père de famille, ayant devant lui deux pains, en bénissait un, qu’il rompait aussitôt ; et, prenant un des morceaux, il l’enveloppait d’herbes amères, le trempait dans le charoseth, adressait à Dieu des actions de grâces, et mangeait cette bouchée. Après qu’il avait de la même manière, en bénissant et en rendant grâces, goûté de l’agneau pascal, il le coupait en morceaux, qu’il distribuait aux convives avec du pain azyme trempé dans le charoseth. Le repas fini, il leur présentait la troisième coupe de vin, appelée spécialement coupe de bénédiction, parce