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Page:Augustin Crampon - Traduction de la Bible - Desclée 1923.djvu/640

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2 Comme l’esclave soupire après l’ombre, comme l’ouvrier attend son salaire,

3 ainsi j’ai eu en partage des mois de douleur, pour mon lot, des nuits de souffrance.

4 Si je me couche, je dis : « Quand me lèverai-je ? Quand finira la nuit ? » et je suis rassasié d’angoisses jusqu’au jour.

5 Ma chair se couvre de vers et d’une croûte terreuse, ma peau se gerce et coule.

6 Mes jours passent plus rapides que la navette, ils s’évanouissent : plus d’espérance !


7 O Dieu, souviens-toi que ma vie n’est qu’un souffle ! Mes yeux ne reverront pas le bonheur.

8 L’œil qui me regarde ne m’apercevra plus ; ton œil me cherchera, et je ne serai plus.

9 Le nuage se dissipe et passe ; ainsi celui qui descend au schéol ne remontera plus ;

10 il ne retournera plus dans sa maison ; le lieu qu’il habitait ne le reconnaîtra plus.


11 C’est pourquoi je ne retiendrai pas ma langue, je parlerai dans l’angoisse de mon esprit, j’exhalerai mes plaintes dans l’amertume de mon âme.

12 Suis-je la mer ou un monstre marin, pour que tu poses une barrière autour de moi ?

13 Quand je dis : « Mon lit me soulagera, ma couche calmera mes soupirs, »

14 alors tu m’effraies par des songes, tu m’épouvantes par des visions.

15 Ah ! Mon âme préfère la mort violente, mes os appellent le trépas.

16 Je suis en proie à la dissolution, la vie m’échappe pour jamais ; laisse-moi, car mes jours ne sont qu’un souffle.

17 Qu’est-ce que l’homme, pour que tu en fasses tant d’estime, que tu daignes t’occuper de lui,

18 que tu le visites chaque matin, et qu’à chaque instant tu l’éprouves ?

19 Quand cesseras-ru d’avoir le regard sur moi ? Quand me laisseras-tu le temps d’avaler ma salive ?

20 Si j’ai péché, que puis-je te faire, ô Gardien des hommes ? Pourquoi me mettre en butte à tes traits, et me rendre à charge à moi-même ?

21 Que ne pardonnes-tu mon offense ? Que n’oublies-tu mon iniquité ? Car bientôt je dormirai dans la poussière ; tu me chercheras, et je ne serai plus.

4. Chap. viii, 1-22 : Discours de Baldad.Dieu est juste ; si les fils de Job ont péri, c’est qu’ils étaient coupables (viii, 1-4). Que Job lui-même se libère, en recourant à Dieu (viii, 5-7). La sagesse des anciens enseigne la chute rapide du méchant (viii, 8-19). Brillant avenir de Job, s’il est juste (viii, 20-22).

8. Alors Baldad de Suhé prit la parole et dit :

2 Jusques à quand tiendras-tu ces discours, et tes paroles seront-elles comme un souffle de tempête ?


15. La mort violente, litt. la strangulation.

16. La vie m’échappe pour jamais. M. à m. Je ne vivrai pas à jamais.

19. Avaler ma salive c.-à-d. reprendre haleine.

20. A charge à moi-même : les LXX ont lu et traduit, à toi (alaik, au lieu de alaï) : pourquoi te suis-je insupportable ?

VIII, 1. Le discours de Baldad repose sur le même principe que celui d’Elipbaz mais il garde moins de ménagement.