Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
ET PERCINET.

dont vous êtes menacée par le mariage du roi, m’obligent à vous parler plus tôt que je n’aurais fait : j’avais résolu de laisser au temps et à mes services le soin de vous déclarer ma passion, et… — Quoi ! un page, s’écria la princesse, un page a l’audace de me dire qu’il m’aime ! Voici le comble à mes disgrâces. — Ne vous effrayez point, belle Gracieuse, lui dit-il d’un air tendre et respectueux ; je suis Percinet, prince assez connu par mes richesses et mon savoir, pour que vous ne trouviez point d’inégalité entre nous. Il n’y a que votre mérite et votre beauté qui puissent y en mettre : je vous aime depuis longtemps ; je suis souvent dans les lieux où vous êtes, sans que vous me voyiez. Le don de féerie que j’ai reçu en naissant m’a été d’un grand se cours pour me procurer le plaisir de vous voir : je vous accompagnerai aujourd’hui partout sous cet habit, et j’espère ne vous être pas tout-à-fait inutile. » À mesure qu’il parlait, la princesse le regardait dans un étonnement dont elle ne pouvait revenir. « C’est vous, beau Percivet, lui dit-elle, c’est vous que j’avais tant d’envie de voir et dont on raconte des choses si surprenantes ! Que j’ai de joie que vous vouliez être de mes amis ! Je ne crains plus la méchante Grognon, puique vous entrez dans mes intérêts. » Ils se dirent encore quelques paroles, et puis Gracieuse fut au palais, où elle trouva un cheval tout harnaché et caparaçonné que Percinet avait fait entrer dans l’écurie, et que l’on crut qui était pour elle : elle monta dessus. Comme