que ce soit ici Lutin ; car les Lutins dorment-ils ? Est-ce là un corps d’air et de feu, qui ne remplit aucun espace, comme le dit Abricotine ? » Elle touchait doucement ses cheveux, elle l’écoutait respirer, elle ne pouvait s’arracher d’auprès de lui ; tantôt elle était ravie de l’avoir trouvé, tantôt elle en était alarmée. Dans le temps qu’elle était le plus attentive à le regarder, sa mère la fée entra avec un bruit si épouvantable, que Léandre s’éveilla en sursaut. Quelle surprise et quelle affliction pour lui de voir sa princesse dans le dernier désespoir. Sa mère l’entraînait, la chargeant de mille reproches. Ô quelle douleur pour ces jeunes amans ! ils se trouvaient sur le point d’être séparés pour jamais. La princesse n’osait rien dire à la terrible fée ; elle jetait les yeux sur Léandre, comme pour lui demander quelque secours.
Il jugea bien qu’il ne pouvait pas la retenir malgré une personne si puissante ; mais il chercha dans son éloquence et dans sa soumission, les moyens de toucher cette mère irritée. Il courut après elle, il se jeta à ses pieds, il la conjura d’avoir pitié d’un jeune roi, qui ne changerait jamais pour sa fille, et qui ferait sa souveraine félicité de la rendre heureuse. La princesse encouragée par son exemple, embrassa aussitôt les genoux de sa mère, et lui dit : « Que sans le roi elle ne pouvait être contente, et qu’elle lui avait de grandes obligations. — Vous ne connaissez pas les disgrâces de l’amour, s’écria la fée, et les trahisons dont ces aimables