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PRINTANIÈRE.

nourrice qui fut cassée en pièces comme un verre. La reine encore plus affligée, appela une troisième nourrice, qui voulant s’avancer au plus vite, se laisse tomber contre un buisson plein de longues épines, et se crève un œil. « Ah ! s’écria la reine, il y a aujourd’hui bien du malheur dans mon affaire ! il n’est pas possible que je choisisse une nourrice sans lui porter guignon ! J’en laisserai le soin à mon médecin. » En se levant pour retourner au palais, elle entend rire à gorge déployée ; elle regarde et voit derrière elle la méchante bossue, qui était comme une guenon avec son fagotin de singe dans la brouette. Dame, elle se moquait de toute la compagnie, et particulièrement de la reine. Cette princesse en eut si grand dépit, qu’elle voulut aller à elle pour la battre, se doutant bien qu’elle était cause du mal des nourrices, mais la bossue ayant frappé trois coups de sa baguette, les nains furent changés en griffons ailés, la brouette en chariot de feu et tout s’envola en l’air, faisant des menaces et de grands cris.

« Hélas ! ma mie, nous sommes perdus, dit le roi, c’est ici la fée Carabosse ; la méchante me haïssait dès le temps que j’étais petit garçon, pour une espiéglerie que je lui fis avec du soufre dans son potage ; depuis cela elle a toujours cherché à s’en venger. » La reine se prit à pleurer. « Si j’avais pu deviner son nom, dit-elle, j’aurais tâché de m’en faire une amie ; je crois que je voudrais être morte. » Quand le roi la vit si affligée,