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PRINTANIÈRE.

lui. Printannière, à cette vue, se sentit si hors d’elle, qu’elle n’en pouvait plus ; et après y avoir un peu pensé, elle jura qu’elle n’aurait point d’autre mari que le beau Fanfarinet. Qu’il n’y avait aucune apparence que son maître fût aussi aimable ; qu’elle ne connaissait point l’ambition ; que puisqu’elle avait bien vécu dans une tour, elle vivrait bien, s’il le fallait, dans quelque château à la campagne avec lui ; qu’il lui semblait que du pain et de l’eau valaient mieux avec lui, que des poulets et des bonbons avec un autre. Enfin elle en dit tant que ses femmes étaient bien en peine où elle en avait appris la quatrième partie ; et lorsqu’elles voulurent lui représenter son rang, et le tort qu’elle se ferait, elle les fit taire, sans daigner les écouter.

Dès que Fanfarinet fut arrivé dans le palais du roi, la reine vint querir sa fille. Toutes les rues étaient tapissées, et les dames aux fenêtres ; les unes tenaient des corbeilles pleines de fleurs, d’autres pleines de perles ; ce qui était bien meilleur, d’excellentes dragées, pour jeter sur elle quand elle passerait.

L’on commençait à l’habiller lorsqu’il arriva à la tour un nain, monté sur un éléphant ; il venait de la part des cinq bonnes fées qui l’avaient douée le jour de sa naissance. Elles lui envoyaient une couronne, un sceptre, une robe de brocard d’or, une jupe d’ailes de papillon d’un travail merveilleux, avec une cassette encore plus merveilleuse, tant elle était pleine de pierreries ; aussi la disait-on sans prix, et l’on n’a ja-