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PRINTANIÈRE.

aigle à qui l’on a ravi ses petits, et tomba évanouie. L’on eut toutes les peines du monde à la faire revenir. Les dames et les demoiselles pleuraient et disaient : « Quoi ! la princesse est donc perdue ? » Pour comble de malheur, l’on vint avertir le roi que l’ambassadeur Fanfarinet était disparu, ce qui fut encore un surcroît d’affliction, qui acheva de désoler leurs majestés.

Le roi fit appeler tous ses conseillers et ses gendarmes. Il entra avec la reine dans une grande salle, que l’on avait promptement tendue de noir : ils avaient quitté leurs beaux habits, et pris chacun une longue robe de deuil. Quand on les vit en cet état, il n’y eut cœur si dur qui ne fût prêt à crever : la salle retentissait de sanglots et de soupirs. Au bout de quelques instans le roi prit la parole et dit : « Mes amis, j’ai perdu ma chère fille Printanière ; le diadème de la reine et mon poignard, qui valent leur pesant d’or, sont disparus avec elle, ainsi que l’ambassadeur Fanfarinet. Je crains bien que le roi son maître, n’en recevant point de nouvelles, ne vienne le chercher parmi nous, et qu’il ne nous accuse de l’avoir fait périr. Encore prendrais-je patience si j’avais de l’argent ; mais je vous avoue que les frais de la noce m’ont ruiné. Avisez donc, mes chers sujets, à ce que je peux faire pour recouvrer ma fille ainsi que Fanfarinet. »

Chacun admira la belle harangue du roi (il n’en avait jamais fait de si éloquente). Le sei-