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LA PRINCESSE

feront bien vite votre procès ; l’on file déjà la corde dont je vous ferai pendre. — Roi des Paons, répondit le roi en colère, n’allez pas si vite dans cette affaire, car vous pourriez vous en repentir. Je suis roi comme vous, j’ai un beau royaume, des habits et des couronnes, et de bons écus ; vous êtes bien plaisant de nous vouloir faire pendre ; est-ce que nous avons volé quelque chose ?

Quand le roi l’entendit parler si résolument, il ne savait où il en était, et il avait quelquefois envie de les laisser aller avec leur sœur, sans les faire mourir ; mais son confident, qui était un vrai flatteur, l’encouragea, lui disant que s’il ne se vengeait, tout le monde se moquerait de lui, et qu’on le prendrait pour un petit roitelet. Il jura de ne leur point pardonner, et il commanda que l’on fit leur procès. Cela ne dura guère ; il n’y eut qu’à voir le portrait de la véritable princesse Rosette auprès de celle qui était venue, et qui disait l’être ; de sorte qu’on les condamna d’avoir le cou coupé, comme étant menteurs, puisqu’ils avaient promis une belle princesse au roi, et qu’ils ne lui avaient donné qu’une laide paysanne.

L’on fut à la prison en grand appareil leur lire cet arrêt ; et ils s’écrièrent qu’ils n’avaient point menti ; que leur sœur était princesse, et plus belle que le jour ; qu’il y avait quelque chose là-dessous qu’ils n’entendaient pas, et qu’ils demandaient encore sept jours, avant qu’on les fit mourir ; que peut-être dans ce temps leur innocence serait reconnue. Le roi des Paons, qui était