la donnera à son magot de fils ; et si elle est laide, il nous pendra toutes deux. À quelle extrémité suis-je réduite ? Ne pourrai-je point la cacher quelque part, afin qu’il ne la vît jamais ? »
Le temps où la petite princesse devait venir. au monde approchait, et les inquiétudes de la reine augmentaient : elle n’avait personne avec qui se plaindre et se consoler. Le geôlier qui la gardait, ne lui donnait que trois pois cuits dans l’eau pour toute la journée, avec un petit morceau de pain noir. Elle devint plus maigre qu’un hareng : elle n’avait plus que la peau et les os.
Un soir qu’elle filait (car le méchant roi qui était fort avare, la faisait travailler jour et nuit), elle vit entrer par un trou une petite souris, qui était fort jolie. Elle lui dit : « Hélas ! ma mignonne, que viens-tu chercher ici ? Je n’ai que trois pois pour toute ma journée ; si tu ne veux jeûner va-t-en. » La petite souris courait de-çà courait delà, dansait, cabriolait comme un petit singe ; et la reine prenait un si grand plaisir à la regarder, qu’elle lui donna le seul pois qui lui restait pour son souper. « Tiens, ma mignonne, dit-elle ; mange, je n’en ai pas davantage, et je te le donne de bon cœur. » Dès qu’elle eut fait cela, elle vit sur sa table une perdrix excellente, cuite à merveille, et deux pots de confitures. « En vérité, dit-elle, un bienfait n’est jamais perdu. » Elle mangea un peu, mais son appétit était passé à force de jeûner. Elle jeta du bonbon à la