de coudre à la grosse porte qui s’ouvrit, et les autres de même ; elle trouvèrent la pauvre princesse bien triste, qui ne disait pas un petit mot. La reine se jeta à son cou : « Ma chère mignonne, lui dit-elle, je suis ta maman la reine Joyeuse. » Elle lui centa l’histoire de sa vie. Ô bon Dieu ! quand Joliette entendit de si belles nouvelles, peu s’en fallut qu’elle ne mourût de plaisir. Elle se jeta aux pieds de la reine, elle lui embrassait les genoux, elle mouillait ses mains de ses larmes, et les baisait mille fois. Elle caressait tendrement la fée qui lui avait porté des corbeilles pleines de bijoux sans prix, d’or et de diamans ; des bracelets, des perles, et le portrait du roi Joyeux entouré de pierreries, qu’elle mit devant elle. La fée dit : « Ne nous amusons point, il faut faire un coup d’état : allons dans la grande salle du château, haranguer le peuple. »
Elle marcha la première, avec un visage grave et sérieux, ayant une robe qui traînait de plus de dix aunes et la reine une autre de velours bleu, toute brodée d’or, qui traînait bien davantage. Elles avaient apporté leurs beaux habits avec elles ; puis elles avaient des couronnes sur la tête, qui brillaient comme des soleils ; la princesse Joliette les suivait avec sa beauté et sa modestie, qui n’avaient rien que de merveilleux. Elles faisaient la révérence à tous ceux qu’elles rencontraient par le chemin, aux petits comme aux grands. On les suivait, fort pressé de savoir qui étaient ces belles dames. Lorsque la salle fut toute pleine, la bonne fée