Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
259
LE MOUTON.

Elle l’assura qu’elle tarderait aussi peu que la première fois ; qu’elle ressentirait vivement tout ce qui pourrait l’éloigner de lui, et qu’elle le conjurait de ne se pas inquiéter. Elle se servit du même équipage qui l’avait déjà conduite et elle arriva comme la cérémonie commençait. Malgré l’attention que l’on y avait, sa présence fit élever un cri de joie et d’admiration, qui attira les yeux de tous les princes sur elle ; ils ne pouvaient se lasser de la regarder, et ils la trouvaient d’une beauté si peu commune, qu’ils étaient prêts à croire, que ce n’était pas une personne mortelle.

Le roi se sentit charmé de la revoir ; il n’ôta le ; yeux de sur elle, que pour ordonner que l’on fermât bien toutes les portes pour la retenir. La cérémonie étant sur le point de finir, la princesse se leva promptement, voulant se dérober parmi la foule ; mais elle fut extrêmement surprise et affligée de trouver les portes fermées.

Le roi l’aborda avec un grand respect et une soumission qui la rassura. Il la pria de ne leur pas ôter sitôt le plaisir de la voir et d’être du célèbre festin qu’il donnait aux princes et aux princesses. Il la conduisit dans un salon magnifique où toute la cour était ; il prit lui-même un bassin d’or et un vase plein d’eau, pour laver ses belles mains. Dans ce moment, elle ne fut plus maîtresse de son transport, elle se jeta à ses pieds, embrassant ses genoux : « Voilà mon songe accompli, dit-elle, vous m’avez donné à