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DON FERNAND

Jaime de Casareal, et l’autre dom Fernand de Tolède : ils demeuraient ensemble, et si proche de la maison du comte de Fuentes, qu’ils lièrent une étroite amitié avec dom Francisque. Comme ils allaient souvent chez lui, ils virent ses cousines ; les voir et les aimer ne fut qu’une même chose. Elles n’auraient pas été insensibles à leurs mérites, si la vigilance de leur mère n’était venue troubler ces dispositions par des menaces furieuses, que si elles parlaient jamais à dom Jaime et à dom Fernand, elle les mettrait en religion pour le reste de leur vie ; elle ajouta à ces menaces deux surveillantes plus terribles que des argus, et ces nouveaux obstacles ne servirent qu’à augmenter la passion des cavaliers que la comtesse voulait éloigner.

Elle découvrit qu’ils faisaient tous les jours de nouvelles galanteries pour ses filles : elle s’en mettait dans une colère effroyable, et sachant que son neveu moins sévère qu’elle, fournissait à ses amis mille occasions innocentes de voir ses cousines, soit sur leurs balcons au travers des jalousies, ou dans le jardin, où elles allaient quelquefois prendre l’air, elle se fatigua de gronder sans cesse et de ne gagner rien sur la persévérance de ces jeunes amans ; et pour déconcerter absolument leurs mesures, un jour que son mari était allé à l’Escurial faire sa cour, elle partit avec ses filles dans un carrosse aussi fermé qu’un cercueil, et plus triste pour elles que si en effet c’en eût été un. Elle s’en alla